La fragilité alimentaire

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Claude
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La fragilité alimentaire

Message par Claude » 07 sept. 2018, 01:41

C'est un sujet qui me préoccupe depuis longtemps. Je m'étonne que si peu de monde paraisse s'inquiéter de la fragilité des circuits de production et de distribution de la nourriture.

Pourtant les dispositifs de production et de mise à la disposition des consommateurs urbains des fruits, des légumes, des céréales, etc. … ne sont pas à l'abri de catastrophes, d'accidents naturels, de crises de folie humaine, voire de guerres.
:cry:

Aussi ai-je lu avec émotion ce court texte partant d'un précédent historique majeur, la crise de la Pomme de terre irlandaise. Il est écrit par un géographe.

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Pourquoi une famine peut arriver en Europe

GILLES FUMEY 6 SEPTEMBRE 2018 (MISE À JOUR : 6 SEPTEMBRE 2018)


Les contrats coercitifs qui lient les producteurs à la grande distribution sont-ils comparables aux traités de commerce entre l'Irlande et l'Angleterre au moment de la grande famine de 1845 ?

L’histoire se répétera-t-elle ? Il y a plus de 150 ans, en Europe du Nord, la pomme de terre a été une bénédiction. Délivrant les paysans irlandais des affres du climat, le tubercule assurait une telle prospérité alimentaire que la population doublait en quarante ans ! Mais les Irlandais (catholiques) devaient toujours payer le loyer aux propriétaires landlords (protestants) anglais. Les monocultures devinrent la règle.

Le malheur arriva où on ne l’attendait pas. Le mildiou, un parasite Phytophtora infestans, provoque en 1845 l’effondrement de près de moitié de la production. Pire : les exportations vers l’Angleterre ont été maintenues alors que les populations crevaient de faim. Les convois de pomme de terre étaient escortés par l’armée jusqu’aux ports, même lorsque les paysans pouvaient payer leur loyer.

Un siècle et demi plus tard, éclatent dans le monde, des scandales alimentaires liés à l’abondance. Dans le fief des Spanghero où l’on prit des indélicats la main dans le sac de minerai de cheval, à Castelnaudary (Aude), le hasard a voulu qu’ait milité en 2008 le premier locavore de France, Stéphane Linou. Aujourd’hui, l’ancien étudiant de l’université de Toulouse devenu conseiller départemental de l’Aude, passe son temps à alerter que nous sommes aussi vulnérables que ne l’ont été les Européens de la grande famine dont le bilan s’élève à un million de morts à partir de 1845, dont une bonne part en Irlande. Il avait calculé que le degré d’autonomie alimentaires des aires urbaines est de 2,1%. Un chiffre toujours valable...

Pour fêter les dix ans de son combat, Linou vient de lancer un dîner chic et raffiné, 100% locavore, dans sa région natale du Lot. Bloggeur sur Médiapart, Linou convainc Benjamin Zimra et sa famille de ne cuisiner que des produits issus d’une géographie locale – cinquante kilomètres au maximum – pour moins de dix euros par personne.

Pari tenu le 31 août à Escamps (Lot) pour un menu digne d’une table étoilée : Feuilles de chêne, croquettes de boudin noir et copeaux de porc noir gascon en entrée, suivi d’un carré d’Agneau fermier du Quercy fumé au bois de genièvre, prune grillée, légumes racines du moment et compotée d’échalotes à l’eau-de-vie de genièvre, et en dessert Abricot rôti au miel et lavande, sorbet à la fraise. Le vin était, forcément, de Cahors.

CYBERATTAQUE

Depuis dix ans, Stéphane Linou sillonne la France et il est très alarmiste pour notre alimentation. Le local est la démonstration d’une vulnérabilité par rapport aux approvisionnements. Dans les villes, moins on cuisine, moins on fait de stocks chez soi qui sont reportés dans les supermarchés. « Que se passerait-il si une cyberattaque était déclenchée sur la chaîne logistique ?» s’inquiète Linou qui enfonce la botte de radis dans le panier des Français : « Il faut reprendre par le territoire, collectivement et individuellement la main sur la production de nourriture, sa distribution et son stockage.» Nos marges de manoeuvre en cas de pépin dans la distribution sont minuscules.

Avec l’opération « Je viens manger local chez vous », Linou prouve que manger local est moins coûteux que de passer chez les distributeurs dont l’abondance conduit au gaspillage, au supermarché et chez soi. La grande distribution joue d’une certaine manière le rôle des Anglais dans la famine irlandaise : en préemptant les récoltes qu’elle achète avec des contrats léonins à bas prix, elle affame ceux qui la nourrissent. Pour une fois, Christiane Lambert de la FNSEA n’a pas tort de protester, même si son syndicat est largement responsable de cette situation qui pousse tant de paysans aux rapports de forces avec les industriels, parfois jusqu’au suicide.

Dans les semaines qui viennent, si vous passez par le Lot, cherchez à vous faire inviter par le plus célèbre locavore de France. Il saura vous convaincre de déserter les supermarchés et de vous mettre en quête de producteurs locaux.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par plumee » 07 sept. 2018, 06:44

Pour moi, c'est évident: la gravité de la situation générale (commerciale et environnementale)
se marquera gravement sur le terrain de l'alimentation.
Déjà, par l'appauvrissement des sols que je vois s'installer ici à grands pas depuis trois ou quatre ans.
Les prés ont commencé à reverdir un petit peu: les troupeaux peuvent manger enfin un peu de frais.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Marc » 10 sept. 2018, 16:32

Ce n'est malheureusement pas nouveau. Nos approvisionnements alimentaires sont tellement dépendants de multiples causes, qu'un rien peut déclencher des catastrophes souvent difficilement mesurables. Produire et manger local est bien sûr une réponse non seulement en termes de coûts mais aussi de sécurité. Fréquemment, je compare mon jardin à un îlot bio au milieu d'un océan de cultures agrochimiques; je relativise donc la qualité du bio que je produis. C'est la même chose pour la production locale. Nos approvisionnements sont dépendants des importations (à l'intérieur de l'u.e. compris) et donc de multiples facteurs de déséquilibres.
C'est la loi des marchés financiers qui gouverne. Produire/consommer local est la résistance que nous opposons à ce fléau (bien sûr il ne s"agit pas seulement de cela). Résoudre ces grandes questions passe avant tout par la maîtrise de ces marchés.
Aujourd'hui, vivre est un marché et nos modestes petites réponses ne suffisent plus. Chaque "niche" qui subsiste est l'objet d'accaparement par ces marchés et se réduit comme peau de chagrin. il y a des réponses à cela.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Marie_May » 14 sept. 2018, 13:15

Notre "marché" est de mieux en mieux approvisionné. C'est un vrai plaisir : veau, agneau, chevreau aveyronais - fromages artisanaux de chez nous et des départements avoisinants - fruits et légumes des bords du Lot, à moins de 20 km, et de petits producteurs bios - savons et autres produits de vaisselle - poissons (élevage...) - vins aveyronnais et Gaillac - beurre, crème, fromages frais.
Mais bien sûr, pour l'huile d'olive, ça pousse pas tout près.
Et mon thé vient toujours de l'importateur...

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Re: La fragilité alimentaire

Message par plumee » 14 sept. 2018, 15:23

Ici aussi, comme presque partout en Ardèche, le marché est très local.
Jusqu'à quand nos pauvres sols ardéchois pourront-ils nourrir les bestiaux et produire légumes et fruits?
Vu l'aggravation du climat cette année (nous avons été la région la plus longuement chaude de France car près de Montélimar),
je commence à penser que notre coin sera aussi le premier de France à se désertifier.
Hier encore 35°. aujourd'hui que 32°. :mrgreen:

Et la pluie prévue à la St Glinglin. Je parle là de notre petit coin à nous qui est un micro-climat hyper sec.
Chaleur + sécheresse, sur une terre ventée très filtrante, voyez.

Claude
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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 17 sept. 2018, 23:11

Encore une pierre noire dans le magasin de la fragilité alimentaire.

L'emploi de pesticides
(de "fongicides" pour contrer les champignons
responsables de "maladies fongiques" qui s'en prennent aux végétaux qui nous nourrissent)
entretient un effet secondaire redoutable :
l'apparition de résistances aux-dits pesticides !

:o

Le Monde.

Les champignons, une menace silencieuse sur la santé et l’alimentation humaine

Par Nathaniel Herzberg
ENQUÊTE
Réservé à nos abonnés
Publié le 17 Septembre 2018

Les pesticides épandus en masse pour protéger les récoltes des attaques fongiques ont engendré des résistances, y compris chez des souches qui infectent l’homme et font 1,6 million de morts par an
.

Faites le test : demandez autour de vous quel champignon présente le plus de danger pour l’humain. Neuf personnes sur dix choisiront l’amanite phalloïde. Erreur on ne peut plus funeste. Avec ses quelques dizaines de décès en Europe les pires années, le « calice de la mort » devrait faire figure d’amateur dans la planète mycète. De même que le moustique surpasse de loin tous les animaux réputés féroces, les vrais tueurs, chez les champignons, sont microscopiques, méconnus et autrement plus meurtriers que notre vénéneuse des forêts. Cryptococcus, pneumocystis, aspergillus et candida : chaque année, chacune de ces grandes familles tue plusieurs centaines de milliers de personnes. Selon les dernières estimations du Gaffi (le Fonds global d’action contre les infections fongiques), les pathologies associées feraient au moins 1,6 million de victimes annuelles, soit presque autant que la tuberculose (1,7 million), la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. « Des estimations basses », précise le professeur David Denning, directeur exécutif du Gaffi et chercheur à l’université de Manchester.

D’autant qu’elles ne prennent nullement en compte le poids des attaques fongiques dans les désordres alimentaires mondiaux. Les deux principales pathologies du blé, la septoriose et la rouille noire, toutes deux provoquées par un champignon, feraient baisser la production mondiale de 20 %. La production ainsi perdue suffirait à nourrir 60 millions de personnes. Etendues à l’ensemble des cultures agricoles, c’est 8,5 % de la population mondiale, soit environ 600 millions de personnes, selon des chiffres publiés en 2012, qui pourraient garnir leurs assiettes si les lointains cousins de la truffe épargnaient les récoltes.



Il faut dire que les champignons sont partout. Sur nos poignées de porte et au bord de nos baignoires, à la surface des aliments que nous ingérons comme dans l’air que nous respirons. Essentiels au cycle du vivant, ils digèrent les déchets et les recyclent en énergie disponible. Sans eux, pas de compost ni d’engrais naturels, pas de roquefort ni de vins doux. Encore moins de pénicilline, ce premier antibiotique né de l’appétit des moisissures penicillium pour les bactéries. Précieux pour l’ordre végétal, donc, et pour la plupart sans danger pour les humains. « Sur les quelque 1,5 million d’espèces estimées, quelques centaines ont la capacité de survivre dans notre organisme, souligne le professeur Stéphane Bretagne, chef du laboratoire de mycologie de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, et directeur adjoint du Centre national de référence (CNR) des mycoses invasives de l’Institut Pasteur. En plaçant notre corps à 37 degrés, l’évolution nous a mis à l’abri de la plupart des champignons. Les autres, quand tout va bien, sont éliminés par notre système immunitaire. »

En avril 2012, pourtant, un inquiétant « Fear of Fungi » (« La peur des champignons ») barrait la « une » de la prestigieuse revue Nature. Sept scientifiques britanniques et américains y décrivaient l’explosion d’infections virulentes parmi les plantes et les animaux. On croyait, depuis la grande famine irlandaise (1845-1852) et les épidémies d’oïdium (1855) puis de mildiou (1885) qui détruisirent l’essentiel de la vigne française, que les grands périls agricoles étaient derrière nous. Eh bien non, répondaient-ils : la pression fongique sur les cinq principales cultures vivrières ne cesse de s’intensifier. Le blé, donc, mais aussi le riz, assailli dans 85 pays par la pyriculariose, avec des pertes de 10 % à 35 % des récoltes. Idem pour le soja, le maïs et la pomme de terre. « Si ces cinq céréales subissaient une épidémie simultanée, c’est 39 % de la population mondiale qui verrait sa sécurité alimentaire menacée », explique Sarah Gurr, du département des sciences végétales de l’université d’Oxford, une des signataires de l’article.

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Au Sénégal, la stratégie pour sauver l’arachide
Les champignons ne s’en prennent pas qu’à l’agriculture, rappelaient les chercheurs. Reprenant la littérature, ils constataient que 64 % des extinctions locales de plantes et 72 % des disparitions animales avaient été provoquées par des maladies fongiques. Un phénomène amplifié depuis le milieu du XXe siècle : le commerce mondial et le tourisme ont déplacé les pathogènes vers des territoires où leurs hôtes n’ont pas eu le temps d’ériger des défenses. Les Etats-Unis ont ainsi perdu leurs châtaigniers, l’Europe a vu ses ormes décimés. Les frênes sont désormais touchés : arrivée d’Asie il y a quinze ans, la chalarose a ainsi frappé la Pologne, puis toute l’Europe centrale. Elle occupe désormais un tiers du territoire français. Seule chance : Chalara fraxinea ne supporte pas la canicule. La maladie a donc arrêté sa progression et commencerait même à reculer.

Les animaux sont encore plus durement atteints. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 40 % des espèces d’amphibiens sont aujourd’hui menacées, des dizaines auraient disparu. Premier responsable : Batrachochytrium dendrobatidis, alias Bd. Depuis vingt ans, le champignon venu de Corée a décimé grenouilles et crapauds en Australie et sur l’ensemble du continent américain. Son cousin Bsal, lui aussi arrivé d’Asie, cible salamandres et tritons européens avec une mortalité proche de 100 %. Aux Etats-Unis, un autre champignon, le bien nommé Geomyces destructans, poursuit son carnage auprès des chauves-souris. La maladie du museau blanc touche près de la moitié du pays et aurait tué plusieurs millions de chiroptères.



Coraux et tortues dans les mers, abeilles, oies et perroquets dans les airs… la liste est longue. « Il ne fait guère de doute que ces pathologies sont de plus en plus nombreuses, affirme, statistiques à l’appui, Matthew Fisher, du département des maladies infectieuses de l’Imperial College de Londres, premier signataire de la publication de 2012. Depuis notre article, il y a eu une prise de conscience, mais la situation s’est détériorée. »

Aussi en mai, Matthew Fisher et Sarah Gurr ont récidivé, cette fois dans Science, en s’adjoignant les services du Suisse Dominique Sanglard. Biologiste à l’université de Lausanne, il traque « l’émergence mondiale de résistance aux antifongiques » en incluant dans le tableau les pathologies humaines. Des maladies « longtemps négligées, souligne-t-il. D’abord, elles étaient moins fréquentes que les pathologies bactériennes ou virales. Ensuite, elles frappent des patients immunodéprimés – dont les défenses ne sont plus capables de contenir les champignons –, pas des sujets sains. Enfin, un champignon, c’est beaucoup plus complexe qu’une bactérie, beaucoup plus proche de nous aussi, donc plus difficile à combattre sans attaquer nos propres cellules. »
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" Un champignon, c’est beaucoup plus proche de nous qu’une bactérie,
donc plus difficile à combattre sans attaquer nos propres cellules »,

Dominique Sanglard
université de Lausanne
L’épidémie de sida, dans les années 1980, a commencé à modifier la donne. « Les patients immunodéprimés se sont mis à mourir massivement de pneumocystoses ou de cryptococcoses », se souvient Olivier Lortholary, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Necker et directeur adjoint du CNR mycoses invasives à l’Institut Pasteur. Si l’accès aux trithérapies a permis de limiter l’hécatombe dans les pays occidentaux, il n’en va pas de même ailleurs dans le monde. Selon les dernières statistiques du Gaffi, plus de 535 000 malades du sida meurent encore chaque année, victimes d’une infection fongique associée. « C’est sans doute plus, insiste David Denning. Certaines pathologies fongiques pulmonaires sont prises pour des tuberculoses. »

Mycologue au CHR de Cayenne, Antoine Adenis en sait quelque chose. La forte présence de la leishmaniose dans le département avait conduit le service de dermatologie à analyser toutes les plaies des patients séropositifs. « Nous avons découvert la présence de l’histoplasmose un peu par hasard », raconte-t-il. Les médecins ont alors systématiquement recherché le champignon histoplasma et découvert qu’il constituait la première cause de décès des malades du sida en Guyane. Au Suriname voisin, réputé vierge de champignons, il a découvert que « 25 % des hospitalisés VIH étaient touchés ». Le médecin a ensuite étendu son étude à toute l’Amérique latine. Le résultat a stupéfié la communauté : selon un article publié en août, dans The Lancet, le champignon y tuerait quelque 6 800 personnes par an, plus que la tuberculose, réputée première cause de mortalité associée au sida.

Les champignons et leurs spores ne se contentent pas d’attaquer les porteurs du VIH. « Ils compliquent toutes les pathologies respiratoires quand ils ne les provoquent pas », explique David Denning. Asthme sévère, aspergilloses broncho-pulmonaires allergiques ou chroniques… « Cela représente plus de 14 millions de personnes dans le monde et au moins 700 000 décès par an », assure le médecin britannique.



Enfin, il y a les pathologies dites « hospitalières ». « Chimiothérapies, greffes de moelle, transplantations d’organes, biothérapies… La médecine moderne, comme l’augmentation de la durée de la vie, multiplie la quantité de malades immunodéprimés dans les hôpitaux, analyse Tom Chiller, chef de la branche mycoses du Centre de contrôle des maladies américain (CDC). Beaucoup ont déjà en eux des champignons qui trouvent là l’occasion de prospérer, ou ils les rencontrent à l’hôpital. Tous représentent des cibles idéales. » Une fois les pathogènes dans le sang, le pronostic devient effrayant. A l’échelle mondiale, le taux de mortalité parmi le million de malades traités avoisinerait les 50 %. « En France, depuis quinze ans, le taux reste entre 30 % et 40 % pour les candidoses, entre 40 % et 50 % pour les aspergilloses, indique Stéphane Bretagne. Désespérément stable. » « Et l’incidence des candidoses systémiques augmente de 7 % chaque année, renchérit son collègue Olivier Lortholary. Même si c’est en partie dû à l’augmentation de la survie des patients de réanimation aux attaques bactériennes, c’est une vraie préoccupation, ma principale inquiétude avec les champignons émergents souvent multirésistants. »

Résistances et émergences : l’hôpital de Nimègue, aux Pays-Bas, et son équipe de recherche en mycologie, en sont devenus les références mondiales. En 1999, le centre y a enregistré le premier cas de résistance d’une souche d’Aspergillus fumigatus aux azoles, la principale classe d’antifongiques. Puis les cas se sont multipliés. « Et ça ne cesse de croître, souligne Jacques Meis, chercheur au centre néerlandais. Dans tous les hôpitaux des Pays-Bas, la résistance dépasse les 10 %, et atteint jusqu’à 23 %. » Avec pour 85 % des patients infectés la mort dans les trois mois.



Les scientifiques n’ont pas mis longtemps à désigner un suspect : les horticulteurs. Aux Pays-Bas, champions de l’agriculture intensive, le traitement standard des tulipes consiste à en plonger les bulbes dans un bain d’azoles. Longtemps, les organisations agricoles ont plaidé non coupables. Mais à travers le monde, les preuves se sont multipliées. A Besançon, où ont été mis en évidence les deux premiers cas français d’aspergilloses résistantes chez un agriculteur et un employé de la filière bois, les mêmes souches mutantes ont été trouvées dans les champs du malade et dans plusieurs scieries de la région. « Les agriculteurs ne visent pas les mêmes champignons, mais les fongicides qu’ils emploient ne font pas la différence, ils rendent résistants les pathogènes humains », explique Laurence Millon, chef du service de parasitologie-mycologie du centre hospitalier de Besançon. « L’histoire se répète, soupire Matthew Fisher. L’usage massif des antibiotiques par les éleveurs a développé les résistances des bactéries humaines. L’emploi à outrance des fongicides par les cultivateurs fait de même avec les champignons. »

« L’usage massif des antibiotiques par les éleveurs a développé les résistances des bactéries humaines. L’emploi à outrance des fongicides par les cultivateurs fait de même avec les champignons », Matthew Fisher, Imperial College de Londres
Le monde agricole se trouve pris entre deux menaces. D’un côté, la résistance toujours plus importante de champignons dopés par le changement climatique conduit à multiplier les traitements phytosanitaires. « Cette année, dans les vignes du sud de la France, la pression fongique était telle qu’au lieu des onze traitements annuels moyens – ce qui est déjà beaucoup –, les vignerons en ont délivré entre quinze et dix-sept », constate Christian Huygue, directeur scientifique agriculture de l’Institut national de la recherche en agronomie (INRA). La faute à un printemps exceptionnellement pluvieux et un été particulièrement sec. Mais aussi à l’adaptation des champignons à tout ce que le génie humain invente de produits phytosanitaires. Depuis les années 1960, l’industrie s’en est pris successivement à la membrane des cellules du champignon, à leur paroi, à leur ARN ou à leur respiration… Cinq classes d’antifongiques ont ainsi été mises au point. « Trois étaient vraiment efficaces, résume Sabine Fillinger, généticienne à l’INRA. Les strobilurines rencontrent des résistances généralisées. De plus en plus de produits azolés connaissent le même sort. Il reste les SDHI [inhibiteur de la succinate déshydrogénase], mais ils commencent à y être confrontés et ça va s’aggraver. »
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De plus en plus impuissants face aux pathogènes, les fongicides agricoles se voient aussi accusés de menacer la santé humaine. Des chercheurs de l’INRA et de l’Inserm ont ainsi lancé un appel dans Libération, le 16 avril, afin de suspendre l’usage des SDHI. Le dernier-né des traitements n’entraverait pas seulement la respiration des cellules de champignons ; par la même action sur les cellules animales et humaines, il provoquerait des « encéphalopathies sévères » et des « tumeurs du système nerveux ». L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a décidé d’examiner l’alerte. Elle s’est d’autre part autosaisie afin de vérifier l’éventuelle toxicité humaine de l’époxiconazole. « Cet azole est l’une des dernières substances actives sur le marché, nous en utilisons 200 tonnes par an en France, mais c’est également un reprotoxique de catégorie 1 [affecte la fertilité], la plus préoccupante, et un cancérigène de catégorie 2 », indique Françoise Weber, directrice générale déléguée au pôle produits réglementés de l’Anses. Un avis négatif de la France pourrait peser en vue de la réévaluation du produit au niveau européen, prévue en avril 2019.
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A l’INRA comme à l’Anses, on jure avoir comme nouvel horizon une agriculture sans pesticide. Développement de nouvelles variétés, diversification des cultures, morcellement des paysages et « anticipation des pathologies nouvelles que le changement climatique fait remonter vers le nord et que le commerce mondial apporte d’Asie », insiste Christian Huygue. Du blé tendre aux laitues ou aux bananes, nombre de cultures font face à des pathogènes émergents. Des champignons nouveaux frappent également les humains. Dans les services hospitaliers, le dernier diable s’habille en or. Découvert au Japon en 2009 et intrinsèquement résistant à tous les traitements, Candida auris flambe particulièrement dans les hôpitaux indiens, pakistanais, kényans et sud-africains. La France semble jusqu’ici épargnée. Mais cinq autres champignons à « résistance primaire » y ont fait leur nid, totalisant 7 % des infections invasives à Paris, là encore chez les immunodéprimés.



Plus inquiétant peut-être, de nouvelles infections invasives touchent des patients dits immunocompétents. Aux Etats-Unis, la « fièvre de la vallée » ne cesse de progresser. Pour la seule Californie, les coccidioïdes cachés dans la terre, relâchés à la faveur de travaux d’aménagement ou agricoles, ont contaminé 7 466 personnes en 2017. Au CDC d’Atlanta, on ne dispose d’aucune statistique nationale mais on parle de « centaines » de morts.

Moins meurtrière mais terriblement handicapante, une nouvelle forme de sporotrichose touche des dizaines de milliers de Brésiliens. Partie de Rio, elle a conquis le sud du pays et gagne le nord, essentiellement transmise par les chats. « L’épidémie est hors de contrôle », assure Jacques Meis. Et que dire de ces ouvriers de Saint-Domingue qui nettoyaient une conduite d’usine remplie de guano de chauves-souris ? « Ils étaient 35, jeunes, aucun n’était immunodéprimé, raconte Tom Chiller, qui a publié le cas en 2017 dans Clinical Infectious Diseases. Trente sont tombés malades, 28 ont été hospitalisés. » Le diagnostic d’histoplasmose n’a pas tardé. Neuf ont été admis en soins intensifs. Trois sont morts.

Cette hécatombe mondiale n’a rien d’une fatalité, assurent les scientifiques. « La médecine moderne augmente les populations à risque, admet David Denning. Mais en améliorant le diagnostic et l’accès aux traitements, en développant la recherche, en réservant à la santé humaine les nouvelles molécules qui finiront par apparaître, on doit pouvoir réduire considérablement la mortalité des infections. »

Doux rêve, répond Antoine Adenis. « La mycologie reste le parent pauvre de la microbiologie », regrette-t-il. Ainsi, pour la première fois cette année, Laurence Millon n’aura pas d’interne dans son service de Besançon. Et David Denning, qui gère son Gaffi avec des bouts de ficelle, de soupirer : « Quand un malade leucémique meurt d’une infection fongique, tout le monde parle du cancer à l’enterrement, personne des champignons. Et à qui pensez-vous que l’on fait les dons ? »

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 25 sept. 2018, 23:19

https://www.arte.tv/fr/videos/072495-00 ... t-verites/

J'ai été intéressé par le documentaire VITAMINES — FANTASMES ET VÉRITÉS, ce soir, sur Arte.
Il souligne l'importance d'une alimentation variée pour notre santé.

Beaucoup de marins mouraient du scorbut, une maladie de carence de la vitamine C (celle apportée par les fruits et légumes frais), qui aurait pu être contrecarrée par la consommation d'un simple agrume. Un médecin de bord, en 1747 l'avait mis en évidence par une expérience fondatrice. Le documentaire m'a donné à penser que la supériorité de la marine britannique fut liée au jus de citron qu'elle mit au menu des équipages. Un bête citron, et vous avez un avantage dans la grande histoire des compétitions !

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 23 oct. 2018, 18:39

Le front des pesticides est immense.

Le MÉTAM-SODIUM nettement plus nuisible que le glypho. 70 personnes intoxiquées.

Rejoignez la campagne nousvoulonsdescoquelicots

in Libé.
MERCI DE L'AVOIR POSÉE

Qu'est-ce que le métam-sodium,
responsable de 70 intoxications en quelques jours ?


Par Margaux Lacroux — 23 octobre 2018 à 16:59

Le métam-sodium est notamment utilisé en horticulture et dans la vigne. Sur la liste des cultures qui peuvent en être aspergées figurent carottes, tomates, fraises, asperges, laitue, radis, plantes aromatiques ou encore la mâche, très cultivée en Loire-Atlantique.

Ce produit est soupçonné d’être responsable de l’intoxication de 70 personnes dans le Maine-et-Loire. Une réunion d’urgence a lieu ce mardi à la préfecture du département voisin, la Loire-Atlantique, pour décider si l’autorisation de ce pesticide redoutable doit être suspendue.

Qu'est-ce que le métam-sodium, responsable de 70 intoxications en quelques jours ?

Des dizaines de personnes ont été intoxiquées dans le Maine-et-Loire après avoir inhalé des particules de ce pesticide. Parmi elles, dix-sept ont été hospitalisées.

Pourquoi le métam-sodium est-il utilisé ?

Cette substance active est surtout utilisée par les maraîchers, en horticulture et dans la vigne. Sur la liste des cultures qui peuvent en être aspergées figurent carottes, tomates, fraises, asperges, laitue, radis, plantes aromatiques ou encore la mâche, très cultivée en Loire-Atlantique. C’est aussi pourquoi le département est le plus gros acheteur de métam-sodium en France.

Le site de la préfecture du Maine-et-Loire précise que c’est «un biocide à très large spectre, à la fois insecticide, fongicide, herbicide et nématicides». Autrement dit, il est assez redoutable pour éradiquer toute vie dans les sols : mauvaises herbes, micro-organismes, insectes, champignons, parasites et même les vers de terre. On obtient ainsi de la salade totalement «propre» grâce à un sol devenu complètement stérile.

Son utilisation est cependant très encadrée. Le produit n’est pas pulvérisé sur les plantes. Il est utilisé pour préparer les sols avant de planter les semis. En fonction de la culture, le métam-sodium est soit injecté dans le sol ou introduit par irrigation au goutte-à-goutte. Dans ce deuxième cas, un film plastique étanche doit être installé au sol pour que les gaz ne s’échappent pas. Le maraîcher doit ensuite immédiatement arroser pour «fixer le produit dans le sol», selon l’arrêté préfectoral. En plein champ, l’application du pesticide est interdite à moins de 20 mètres des limites des propriétés d’habitations.

Aujourd’hui, cinq produits à base de métam-sodium (Nemasol 510, Monam H+J, Fumical plus, Traitam Sol, Fumigam) sont autorisés en France. La substance de base est approuvée par la commission européenne, qui la classe «dangereuse si ingérée» et «très toxique pour la vie aquatique avec des effets à long terme».

Quels sont ses effets sur la biodiversité et l’être humain ?

Le métam-sodium «présente des effets irritants, sensibilisants et corrosifs pour la peau, les voies respiratoires et les yeux», rappelle l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), contactée par Libération. Des symptômes de ce type ont été détectés entre les 9 et 12 octobre dans le Maine-et-Loire, près d’Angers. D’abord à Brain-sur-l’Authion, où une odeur de gaz, puis des picotements dans la gorge ont alerté des travailleurs dont les yeux commençaient à gonfler. A la source de l’intoxication, une pépinière située dans la commune. Parmi les 61 personnes touchées, figurent principalement des ouvriers agricoles et une quinzaine de riverains de l’entreprise. Dix-sept personnes ont été hospitalisées pendant quelques heures. La préfecture présume qu’il y aurait eu des manquements à la réglementation, «associés à des conditions climatiques exceptionnelles rendant les sols trop secs et trop chauds pour son application sans risques». Trois jours plus tard, rebelote à Mazé-Milon, où cinq personnes et quatre pompiers ont ressenti les effets du métam-sodium, précise France Info dans une enquête publiée lundi. Au total, plus de 70 victimes en quelques jours.

Dans un rapport remis en décembre 2017 au gouvernement français, le métam-sodium est décrit comme l’une des «substances les plus utilisées et identifiées comme les plus préoccupantes». Depuis cette date, son interdiction a été proposée par plusieurs parlementaires par voie d’amendement. L’agence de protection environnementale américaine (EPA), elle, soupçonne le métam-sodium d’être également un perturbateur endocrinien et un cancérogène. Le pesticide a causé un des plus gros désastres environnementaux aux Etats-Unis. En 1991, la rivière Sacramento en Californie a été contaminée par des déversements qui ont tué au moins 100 000 poissons et détruit toute trace de vie dans le cours d’eau. Même constat en France en 2010, quand un agriculteur a contaminé une rivère du Finistère avec le même pesticide, éradiquant «toute vie aquatique sur douze kilomètres», rapportait alors Bastamag. Une pisciculture bretonne figurait parmi les victimes collatérales : «130 tonnes de truites décimées en un petit quart d’heure».

Pourrait-il être remplacé ou supprimé ?

L’utilisation du métam-sodium est à la baisse en Loire-Atlantique. Seulement, pour le remplacer, «les maraîchers ont recours à d’autres substances, moins pondéreuses, c’est-à-dire moins lourdes et moins denses, mais tout aussi dangereuses : le dazomet ou la napropamide, des herbicides dont l’Anses a reconnu la forte écotoxicité, ou encore le metobromuron, classé cancérogène par ce même organisme», précisait une enquête de Médiacités Nantes l’an dernier.

Une autre technique consiste à stériliser le sol à la vapeur, mais elle requiert «entre 2 500 et 3 000 litres de fioul à l’hectare», selon Dominique Visonneau, interrogé par l’AFP, président de la coopérative Océane, qui rassemble une quarantaine de producteurs autour de Nantes.

Après les intoxications récentes, la préfecture du Maine-et-Loire a déjà pris un arrêté suspendant l’autorisation du métam-sodium jusqu’à vendredi. La Loire-Atlantique décide ce mardi si elle va en faire de même.

De son côté, l’Anses a signalé qu’elle était en train de réévaluer «les autorisations de mise sur le marché des produits contenant cette substance à la lumière des incidents récents». Ce réexamen pourrait déboucher d’ici «quelques semaines» sur des conditions d’utilisation plus restrictives, voire sur un retrait des autorisations de mise sur le marché en France. En Europe, l’autorisation du métam-sodium expire le 30 juin 2022, ce qui donnera aussi lieu à une nouvelle évaluation.


Margaux Lacroux

Claude
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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 07 nov. 2018, 10:35

La suite de l'article sur le terrible MÉTAM-SODIUM, ses risques ET ses méfaits
serait le " Comment se passer du MÉTAM-SODIUM ? ".
Le voici ce matin :
.
Pesticides : quelles alternatives au méthamsodium ?

À risque pour la santé humaine, selon l’Anses, cette substance utilisée en maraîchage et en horticulture peut être remplacée par des techniques non toxiques
.

LE MONDE | 06.11.2018 à 17h40 • Mis à jour le 07.11.2018 à 09h18 |
Par Jeanne Cavelier


A la fois pesticide, herbicide, fongicide, le méthamsodium a été interdit par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), lundi 5 novembre. Cette substance est soupçonnée d’être cancérigène et de perturber le développement chez l’humain, tout comme le glyphosate. Irritations des yeux, de la peau et des voies respiratoires… Plus de quatre-vingts riverains et professionnels ont été intoxiqués dans le Maine-et-Loire et dans le Finistère, notamment près de cultures de mâche.

Quelque 700 tonnes de produits à base de méthamsodium étaient utilisées chaque année en France, explique l’Anses. Or, il existe des alternatives non toxiques pour nettoyer les sols avant la culture.
Lire aussi : Des intoxications en série provoquent la suspension d’un pesticide méconnu, le méthamsodium
La solarisation

La solarisation consiste à désinfecter les sols en posant des bâches ou des films spéciaux transparents. Ceux-ci captent le rayonnement solaire et la chaleur, permettant à la température de s’élever à plus de 50 °C. Cette technique permet de détruire certains champignons ainsi que la plupart des mauvaises herbes.

Dans une fiche sur les techniques alternatives, l’Association provençale de recherche et d’expérimentation légumière (Aprel) conseille de l’utiliser entre le 25 juin et le 15 juillet, période la plus favorable, sur une durée de 45 jours au minimum sous abri et 60 jours en plein champ. Le coût semble modéré : il s’élevait à 1 800 euros par hectare, bâches et main-d’œuvre comprises, selon une estimation de l’association datant de 2011.

Mais il faut être certain de bénéficier de trois jours consécutifs de temps ensoleillé avant de poser les films. Cette technique est donc limitée aux régions méridionales. Or, la plupart des producteurs de mâche, principalement concernés par l’interdiction du méthamsodium, se trouvent en Loire-Atlantique et en Maine-et-Loire. En outre, cette technique n’est pas sélective et détruit une grande partie de la biodiversité sur plusieurs dizaines de centimètres dans le sol.

La désinfection à la vapeur

Chauffer le sol avec de la vapeur d’eau est une autre technique de désinfection. Un générateur chauffe l’eau à 170-180 °C, détaille une fiche du portail EcophytoPIC, qui vise à promouvoir un modèle agricole plus respectueux de l’environnement. Des tuyaux transportent la vapeur vers la parcelle à traiter. Elle est introduite sous des bâches, de quelques dizaines de minutes à plusieurs heures, selon la température et la profondeur désirées. La température du sol peut alors s’élever jusqu’à 100 °C.

Cette technique, qui peut être réalisée toute l’année, « permet de détruire plus précisèment certains organismes, car il est possible d’augmenter la température par paliers », affirme Thibault Leroux, chargé de mission agriculture au sein de la fédération France nature environnement (FNE). Le champignon botrytis dès 50 °C, les nématodes – des vers du sol – à 50-60 °C, les mauvaises herbes dès 70-80 °C…

« Mais comme la solarisation, elle n’est pas sélective dans ce qu’elle détruit, ajoute le spécialiste. Ce n’est donc pas positif pour la biodiversité. » En outre très gourmande en temps et en carburant, la technique requiert « entre 2 500 et 3 000 litres de fioul à l’hectare », expliquait au Monde en octobre Dominique Visonneau, président de la coopérative Océane, qui rassemble une quarantaine de producteurs. Une solution peu attractive, donc, au vu de l’augmentation du prix de ce combustible.

La rotation des cultures et les engrais verts

La rotation des cultures permet de limiter la propagation des maladies et la prolifération des nuisibles. Le principe : planter des espèces différentes sur une même parcelle d’une année sur l’autre. L’idée est de cultiver des engrais verts entre différentes cultures légumières. « Le sarrasin ou le seigle, par exemple, étouffent les mauvaises herbes », explique Thibault Leroux, de FNE. C’est la solution prônée par la fédération d’associations environnementales.

Cependant, le maraîcher ou l’horticulteur doit disposer d’une surface suffisamment importante. « C’est viable économiquement, assure M. Leroux, citant l’exemple d’un agriculteur bio dans le Maine-et-Loire, qui effectue une rotation de sept ans sur neuf hectares. En diversifiant les cultures, il amortit ses pertes en cas de problème sur l’une d’elles. » Le maraîcher utilise également des paillages en plastique biodégradable, qui, en recouvrant le sol, empêchent la pousse des adventices.
Lire aussi : Quelles sont les alternatives au glyphosate ?

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 07 nov. 2018, 10:49

On parle peu souvent, ici sur ce forum de la désinfection par la "solarisation" ou la "vapeur" (cf l'article du Monde) mais je m'en méfierais. Ces 2 procédés sont trop peu sélectifs, la biodiversité qui est l’essence de la vie microscopique des sols en souffrirait.

La troisième partie de cet article (rotation des cultures et engrais verts) est plus classique, plus en accord avec nos préférences culturales.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 04 mars 2019, 21:49

http://geographiesenmouvement.blogs.lib ... 9-plantes/
.
Les 2 articles de ce blog tenu par des géographes

redonne un coup de projecteur sur le rétrécissement de la biodiversité alimentaire et un résumé de rapports alarmistes venant notamment de la FAO,

… et présente une belle action en défense de cette biodiversité : l’ARCHE DU GOÛT —constitution d.un catalogue des ressource alimentaires mondiales— de l’organisation SlowFood.

À lire.
Me signaler si impossible à lire.

;)

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 05 mars 2019, 09:30

J’oubliais le travail de la çommission EAT- Lancet.
Malheureusement en anglais.


*

Zut ! L’orthographe du mot « çommission » qui apparaît sans que jamais
le clavier de la tablette n’affiche de touche avec ç.

:?:

Pourquoi ce curieux bug ?

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 18 juin 2019, 08:38

J’ai accumulé des éléments documentant la fragilité alimentaire. Pour changer, voici un entretien plus à l’occasion de la parution d’un livre. Publié par Le Monde. 18 juin 2019. ;)

.

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SCIENCES • AGRICULTURE & ALIMENTATION
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« L’agroécologie peut parfaitement nourrir 10 milliards d’humains »



Pour l’agronome Marc Dufumier, l’agriculture doit tenir compte du fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Propos recueillis par Fabien Goubet Publié hier à 12h33, mis à jour hier à 17h09
Temps de Lecture 5 min.
Photo :
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Marc Dufumier, au Pérou en mai. LARA JOUAUX



Professeur d’agronomie, ex-titulaire de la chaire d’agriculture comparée et de développement agricole à AgroParisTech, Marc Dufumier prône un changement de paradigme agricole en refusant le modèle imposé par les industriels et en considérant les milieux naturels cultivés dans leur globalité et leur complexité. Son livre L’agroécologie peut nous sauver vient de paraître aux éditions Actes Sud.

Vous êtes souvent présenté comme l’un des pionniers de l’agroécologie scientifique. De quoi s’agit-il ?

L’agroécologie scientifique est une branche de l’écologie consacrée aux écosystèmes aménagés par les agriculteurs. Elle vise une compréhension la plus précise possible des milieux naturels domestiqués, et ce dans toute leur complexité : les interactions entre les végétaux, les hommes et les animaux mais aussi les éléments biologiques, physiques, climatiques, etc.

C’est une approche systémique qui tente de comprendre comment les pratiques agricoles modifient, simplifient et fragilisent éventuellement les écosystèmes, et de proposer des solutions pour les faire fonctionner sans trop simplifier, ni trop fragiliser. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Comment en êtes-vous venu à cette discipline ?

En 1968, je suis parti en mission à Madagascar. J’étais un jeune agronome sortant de l’école, formaté et pétri de certitudes concernant le bien-fondé des engrais de synthèse, des variétés végétales à haut potentiel de rendement et de toutes les techniques agrochimiques. Les rizières inondées fourmillent de vie : poissons, escargots, grenouilles, canards qui s’occupaient de manger les ravageurs et les mauvaises herbes… Tout ce système fonctionnait très bien, et me voilà qui arrivais avec mon riz high-tech, mes produits chimiques, et qui tuais tous ces poissons, ces canards, ces escargots, bref, toutes les sources de protéines.

Ces femmes malgaches m’ont dit : « Votre riziculture améliorée merci, mais on trouve que c’est plutôt une riziculture empirée. » Elles avaient entièrement raison ! J’ai eu la chance de me rendre compte très tôt que leur objet de travail était un agroécosystème d’une profonde complexité et que raisonner uniquement en termes de génétique, de rendement, d’engrais, etc., ne menait nulle part. Pour être efficace, il faut d’abord bien connaître le fonctionnement de l’écosystème dans sa globalité.

Nous serons bientôt 10 milliards sur Terre. Une agriculture inspirée de l’agroécologie peut-elle suffire à remplir tous ces estomacs ?

Sur un plan technique, oui, c’est parfaitement possible. Il n’y a pas de recette unique : chaque écosystème est différent. Mais il existe des points communs, comme faire usage du plus intensif à l’hectare de ce qui est le moins coûteux économiquement : l’énergie solaire, le gaz carbonique et l’azote atmosphérique pour que les plantes fabriquent glucides, lipides et protéines. Il faut également limiter au maximum l’emploi d’énergies fossiles et de produits de synthèse. Pas d’inquiétude, on peut largement nourrir 10 milliards de personnes avec une agriculture intelligente et durable.

Par opposition à l’agriculture industrielle ?

Cette forme de production n’est pas durable, c’est certain. Elle est extensive et grignote toujours plus de forêts et d’espaces naturels, au lieu d’intensifier à l’hectare l’emploi de ce qui ne coûte rien. Elle repose trop sur les énergies fossiles pour le fonctionnement des engins et la fabrication d’engrais azotés et de produits pesticides, dont on s’aperçoit aujourd’hui qu’ils sont nocifs pour l’environnement voire pour la santé.

En outre, elle a remplacé par des machines une force de travail agricole qui est pourtant surabondante à l’échelle mondiale, autrement dit, au prix de la pauvreté de millions de gens qui ont dû quitter l’agriculture et vivent dans des bidonvilles plutôt que de tirer un revenu et de la nourriture du travail de la terre.

Compte tenu de la démographie, n’est-il pas difficile de tourner le dos à ces techniques ?

Nourrir correctement et durablement l’humanité tout entière est parfaitement possible. Si aujourd’hui 820 millions de personnes ont faim, et si un milliard souffrent de carences alimentaires, cela n’a rien à voir avec un manque de nourriture, mais avec les écarts de revenus. Ce sont des pauvres qui ne parviennent pas à acheter des aliments qui pourtant existent. Pour nourrir convenablement une personne, il faut environ 200 kilos de céréales (ou équivalents) par an. La production mondiale est d’environ 330 kilos aujourd’hui. Cherchez l’erreur…

Si des pauvres des favelas brésiliennes ont faim, c’est parce que le pays exporte son maïs et son soja vers les pays occidentaux pour nourrir nos cochons ou pour fabriquer des agrocarburants et donner à boire à nos voitures et à nos avions.

Erik Fyrwald, directeur général de Syngenta, disait, en 2017, que « l’agriculture bio ne produira jamais assez pour nourrir le monde ». Que répondez-vous ?

Les tenants de l’agrochimie brandissent toujours le rendement à l’hectare comme argument massue. Ce qui est important, c’est, selon moi, d’accroître la valeur ajoutée à l’hectare, c’est-à-dire de prendre en compte ce qu’on produit, mais aussi ce qu’on détruit. L’agriculture productive dont parle ce monsieur produit certes beaucoup, mais elle est aussi destructive puisqu’elle emploie des produits chimiques toxiques et des carburants fossiles. Son bilan net est très faible, de l’ordre d’un cinquième du produit brut. Dans les pays industrialisés, nous ne devons pas produire plus, nous devons produire mieux.

Comment produire mieux en refusant les innovations agronomiques ?

Mais l’agroécologie ne les refuse pas, tant qu’elles respectent le fonctionnement de l’écosystème ! La plus grande erreur de l’agriculture est d’avoir oublié que l’écosystème est un enchevêtrement d’interactions incroyablement complexes. Or, nous avons misé depuis plus d’un siècle sur un seul cheval : le rendement de variétés à haut potentiel, d’abord grâce à des croisements, puis grâce à la génétique, la chimie… Cela a imposé de modifier l’écosystème afin de le rendre conforme à ce potentiel et, ce faisant, nous l’avons fragilisé, voire menacé. Résultat, nous avons obtenu des cultures certes plus productives, mais également gourmandes en engrais et sensibles aux ravageurs. Sans oublier que des espèces résistantes aux traitements commencent à apparaître. Problèmes que le lobby agrochimique compte résoudre avec d’autres variétés, OGM ou non, d’autres molécules chimiques, etc. C’est une éternelle fuite en avant qui n’a aucun sens.

Faut-il se résoudre enfin à devenir végétarien ?

Plus il y a de gens qui accèdent à la viande, plus il faut envisager une production végétale importante pour l’élevage. De 3 à 10 calories végétales sont requises pour fabriquer une calorie animale. C’est un véritable défi auquel il faut réfléchir. Car, en réduisant la viande, ce sont autant de terres agricoles destinées à l’élevage qui deviennent disponibles pour nourrir des êtres humains. Si l’on veut combattre les problèmes de malnutrition, c’est sur ce genre de levier qui réduirait les inégalités de revenus qu’il faut agir. Sans compter qu’en manger un peu moins serait aussi bénéfique à notre santé…

L’agroécologie peut nous sauver, de Marc Dufumier (Actes Sud, 176 p., 18,50 €).

Fabien Goubet ("Le Temps")


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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 26 juin 2019, 15:16

Merci à J-LP.
.
C903E50D-88F4-47E8-8B31-B5CDB0C00167.jpeg
(2.57 Mio) Téléchargé 196 fois
.
Pas facile de décider où inclure ce texte. On pourrait le ranger dans « Tomates » ou « Semences » ou « Hybrides » ou « Télé ».

Comme il est question de l’absence de goût de la tomate « long life » et qu’on finit par lui trouver un bien mauvais goût social, autant en faire un item de cette fragilité alimentaire qui caractérise le mode de production agricole valorisé par « le marché ».

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 05 juil. 2019, 14:09

Dans notre hebdo enchainé, un nouvel article de J-L PORQUET
qui raconte sa lecture du livre de J-P BERLAN, un agronome,
sur la pratique de l’hybridation qui tourne le dos à la diversité végétale
et à la forme traditionnelle de la « sélection massale » des semences paysannes.
Merci à J-LP et à J-PB.
.
Si j’ai bien compris, l’hybridation se fait entre 2 végétaux légèrement différents et stables
dont on contrôle la sexualité pour produire des graines
d’un végétal possédant une partie des caractères génétiques de chaque parent
mais qui ne produira à son tour, à la génération suivante,
des graines non stables aux caractères génétiques aléatoires et disparates.
.
39D1C0B8-4D72-43D4-9CD6-CAA1F520C7B4.jpeg
(1.15 Mio) Téléchargé 174 fois
.
Jean-Pierre BERLAN, La Planètes des Clônes.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Marie_May » 05 juil. 2019, 15:45

Oui, je voulais le mettre ici aussi, cet article.

Mais en fait, on sait tout ça depuis longtemps nous autres, n'est-ce pas ?
Et l'article ne dit rien du fait qu'un légume hybride peut devenir apte à se reproduire, si on l'expérimente suffisamment longtemps - plusieurs années. Si les producteurs de graines ne le font pas, c'est par pure envie de gagner des sous en vendant leurs hybrides non reproductibles.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 05 juil. 2019, 21:27

Oui mais c’est écrit par un pro !

Que nous, « amateurs » ayons des intuitions —ce que tu dis—
et que des « organisations » qui agglomèrent des niveaux de compétence éparses, le formulent,
Que tous et toutes, nous sachions … —comme tu le dis de notre petit cercle de familiers—
c’est une chose.

Mais que des gens compétents trouvent de l’intérêt à retravailler la question
ça éveille la curiosité,
c’est intéressant.
Ce que l’auteur de l’article doit penser également puisqu’il a commis ce Plouf !
.
Et même la façon personnelle de formuler ses remarques éveille mon intérêt. ;)

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 05 juil. 2019, 21:46

Pour nous, le savoir est une arme. Ça se construit dans des échanges.
Le savoir vrai ce n’est pas un texte qu’on apprendrait par cœur, c’est un réseau compliqué
qui se construit comme une toile d’araignée. Pas celle régulière de l’épeire diadème mais celles
Dont les fils partent dans tous les sens.

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Marie_May » 06 juil. 2019, 11:07

Claude, parfois, je n'ai pas l'impression que tu parles pour nous - qui avons potassé cette question des hybrides depuis des années, non seulement dans des livres écrits aussi par des pros, et dans nos deux forums (forii ?) successifs, mais dans nos jardins, binette en main (ce que ni Berlan ni Porquet n'ont le temps de faire) - mais pour des lecteurs potentiels (les robots qui ont beaucoup à apprendre, sûrement...).
Jean-Pierre Berlan et Jean Luc Porquet sont des pros, chacun dans son univers. Je ne nous considère plus comme des amateurs dans nos jardins. Nous en savons beaucoup à l'heure actuelle. Je ne suis pas agricultrice, je ne vends pas ma production, mais je nourris ma famille et je suis au fait des problèmes des agriculteurs grands et petits. Pourquoi s'ébaubir quand enfin des gens de plume s'emparent d'un sujet et nous rejeter comme des incompétents ignares ?

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 06 juil. 2019, 14:26

La qualité des pros est de rester ouverts aux échanges. un savoir se construit dans un réseau de relations humaines et d’observations.

Mais ton impression est fondée, tu as raison.
Soit je garde l’espoir infime pour notre forum d’ètre mieux mis en valeur par le sytème gooogle et de voir notre cercle s'agrandir, soit je conserve la posture pédagogique qui a été là mienne depuis longtemps.
Aussi bien la première option que la déformation professionnelle a qq chose de comique. Comment se refaire ?

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Chichinette 11 » 06 juil. 2019, 17:48

"La qualité des pros est de rester ouverts aux échanges. un savoir se construit dans un réseau de relations humaines et d’observations."

Ce qui ne définit pas du tout notre façon d'échanger, n'est-ce pas ?

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 06 juil. 2019, 21:22

:?:

Tu me fais dire ou penser des choses qui sont éloignées du cours de mes pensées. Prends ce que je disais comme des généralités.

Nos savoirs ne cessent de s’enrichir que s’ils sont pris dans des réseaux et des relations qui les complètent, les infirment ou les confirment. Il y a les relations que tout acteur a avec la réalité et nos expériences. Et les réseaux sont : ce petit cercle que nous formons et ceux que nous tissons avec des acteurs différents de nous, comme ce journaliste JLP et cet agronome JPB, différents par les expériences et par les méthodes de travail et d’observation.

Enfin pour préciser ce ma phrase n’exprimait pas explicitement, j’ajoute qu’il doit bien exister des « pros » qui ne sont pas « ouverts aux échanges ».

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 06 juil. 2019, 21:33

Personnellement, mes expériences ne sont pas des expériences au sens scientifique du terme. Je ne suis qu’un petit jardinier. Je n’ai ni les compétences méthodologiques pour des expériences transférables, reproductives, ni les moyens matériels d’en mener.

;)

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Re: La fragilité alimentaire

Message par Marie_May » 07 juil. 2019, 15:45

Evidemment, nous ne sommes pas des scientifiques. Mais nous expérimentons, toi tout particulièrement dans tes pratiques et tes constructions jardinesques.
On a tous essayé de semer des graines, résultats d'hybrides, et récolté ...que pouic, sur d'immenses ou de minuscules plantes parce qu'on n'avait qu'une partie de la plante. Et si on n'a pas essayé, on le sait parce qu'on l'a lu, écrit par d'autres jardiniers ou d'autres pros compétents. Nous sommes pris dans des réseaux d'échanges et nous sommes compétents.
Que des journalistes, même pour qui on a du respect et de l'affection, disent quelque chose qu'on sait depuis longtemps, c'est intéressant pour les autres, ceux qui l'apprennent; ça nous confirme dans nos positions sans doute; mais ça ne nous apporte aucun "savoir". Désolé.

Claude
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Re: La fragilité alimentaire

Message par Claude » 07 juil. 2019, 16:24

Avant de savoir que ça ne nous en apporte pas plus, il faut bien accepter de prendre connaissance de ce qui est proposé.

Je me souviens avoir acheté un livre sur le jardinage —j’ai oublié le titre— et avoir été tellement déçu des propos de l’auteur qu’il m’a semblé lire pendant un tiers du livre d’un simple préambule. Arrivé à un tiers, juste avant de le refermer, je me disais encore : « Mais quand va-t-il m’apprendre quelque chose ? »

En fait ce livre était écrit par un type comme moi dont le savoir n’est pas le fruit d'expériences structurées —par l’usage de méthodes scientifiques— mais de simples expériences humaines et le fruit de nombreux contacts avec le récit d’autres jardiniers ou penseurs. Foi de Jardiniais !

Il faut quand même différentier les opinions des connaissances. En principe, un scientifique se distingue des autres individus par les limites de son champ d’investigation (au-delà de ce champ, sur d’autres sujets, il ne pourra exprimer que des opinions)
Et par sa méthodologie qui vise à définir des expériences reproductibles dont le dispositif et les résultat peuvent être vérifiées par des pairs.

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