Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

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plumee
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Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par plumee » 04 nov. 2016, 09:28

Ce n'est pas sans émotion que je vous fais part du décès de Silvia Schmid, la créatrice du Biau Germe.

J'ai connu Silvia, suite à un numéro des Quatre-Saisons, dans lequel j'avais proposé mon témoignage de l'expérience laborieuse
que j'avais faite pour l'installation dans ma maison du système de valorisation de l'eau de Joseph Orszagh (récupération et valorisation de l'eau de pluie + toilettes à litière + arrosage à l'eau d'épuration). En 19097, c'était novateur.
A la suite de cet article, j'avais eu de nombreux visiteurs et coups de fil, dont celui de Silvia.
Quand elle m'a donné son nom pour que je lui envoie des documents -Silvia n'était pas du tout internautée et je parie qu'elle ne l'a pas été après!- j'étais tout émoustillée : "QUOI ? SILVIA SCHMID ??? DU BIAU GERME ???". Elle avait ri. Nous avions alors correspondu.
C'est elle qui, la première, m'avait incitée à proposer mes écrits de jardinage à un journal. UN JOURNAL ? Mais lequel, Grands Dieux !
Ce fut la Gaz des Jardins, pendant neuf années.
Puis, Silvia m'invita chez elle, moi, la casanière de première. "A COTE DE CAHORS ???? SI LOIN ????". "Tu peux venir avec des jardiniers". AH……
Et donc, nous voilà partis en goguette à cinq jardiniers dont Modestine et moi.
Silvia nous a reçus dans son adorable petite maison toute neuve, simple, sobre, parfaitement fonctionnelle, beaux matériaux écologiques, poêle de masse, toilette à litière et ………pas de réfrigérateur! Petit jardin adorable plein de surprises.
Elle nous a fait visiter Biau Germe, la ferme de Christian Boué (rédacteur dans les Quatre-Saisons), nous a emmenés au restaurant, dans un village surplombant le Lot.
Puis, il y a quelques années, elle a fait halte chez nous un soir, en compagnie de Christian. Elle se relevait d'une crise cardiaque et paraissait diminuée.
Ensuite, la vie a fait que nous n'avons plus correspondu.
Chose curieuse, la semaine dernière, à peu près au moment où elle disparaissait, j'ai repensé à elle, me disant que j'allais lui écrire et me demandant si elle était toujours en vie…

Voici, ce qu'en ont dit d'elle les Quatre-Saisons et l'hommage qui lui a été rendu par Christian Boué, qui fait bien ressortir quelle genre de femme était Silvia.
Adieu Silvia et tellement merci.

Hommage à Sylvia Schmid
27/10/2016 - Créatrice du Biau Germe, Sylvia Schmid s'est éteinte le 17 octobre dans ce Sud-Ouest qu'elle s'était choisi comme région d'adoption. Venue de Suisse comme stagiaire dans une ferme bio à Montpezat (Lot-et-Garonne) en 1959, elle s'y est installée peu après sur une ferme avec des amis. Elle fut la première à avoir l'intuition que pour produire en bio, il fallait des semences bio.
Son premier catalogue avec 27 variétés de légumes est proposé en 1982 dans les Quatre Saisons et connait un succès immédiat. Deux ans plus tard, son frère et sa belle-sœur la rejoignent sur une ferme de 9 ha et la marque Biau Germe est déposée. C'est grâce à elle que Biau Germe est un groupement aussi ouvert et atypique. Appréciée de tous pour sa grande générosité et ses qualités humaines, elle avait pris sa retraite en l'an 2000 tout en continuant à faire bénéficier le groupe de ses conseils. Voici un texte que Christian Boué, cheville ouvrière du Biau Germe, a écrit pour lui rendre hommage.
HOMMAGE A SYLVIA
Dans la vie, il y a des gens ordinaires. Ceux-là s'emploient à leurs affaires, faisant leur petit trou dans la société des hommes. Un jour ils meurent ; on les pleure un peu, avant de les oublier tout à fait. Et leur souvenir est emporté, englouti dans le long fleuve du temps qui passe.
Et puis il y a les gens extraordinaires.
Ceux-là sortent du lot, ceux-là resteront dans les mémoires. On peut être extraordinaire par sa méchanceté ; qui a oublié Landru ou Dutroux ? Ou, encore, qui a oublié ces dictateurs, ces chefs fanatiques faisant les choses en plus grand : Hitler, Staline ou Pol Pot ?
On peut être extraordinaire et laisser son empreinte dans l'Histoire par sa musique, par ses tableaux ou ses œuvres architecturales. Tout le monde a entendu parler de ceux-là. Ils ont pour nom Dostoïevski, Léonard de Vinci, Van Gogh, Sinan ou Imhotep et incarnent pour l'Humanité sa perpétuelle quête de beauté.
Mais on peut être extraordinaire sans même que les voisins le sachent car, comme disait quelqu'un : « À vivre trop près d'un géant on risque de n'en voir que les pieds ! ». Lorsqu'on parle d'eux on dit souvent : « Ce sont des "originaux", des excentriques ! », des gens dont on ne comprend jamais, sur le moment, ce qui les anime, lorsqu'ils nagent à contre-courant de la société...
Et cela ne révèle que notre aveuglement.
Sylvia était extraordinaire, assurément. Je me souviens encore du jour où elle vint nous annoncer, alors que notre communauté de l'Arche se débattait dans des problèmes d'argent récurrents, qu'elle nous offrait sa part d'héritage, une coquette somme, elle qui avait déjà donné les bâtiments et les terres.
Pourtant, il y a bien des gens ordinaires qui savent se montrer généreux à l'occasion. Mais ceux-là attendent toujours quelques courbettes, quelques services ou quelque allégeance en retour, et leur don est un investissement. Je ne me souviens pas avoir entendu Sylvia réclamer de remerciement par la suite ; sitôt donné, sitôt oublié, et si la main droite de quelqu'un oubliait facilement ce qu'avait fait la gauche, ce fut sans doute la sienne.
Cela est extraordinaire.
Mais chose tout aussi surprenante, elle qui ne possédait plus que sa maison de poupée, me disait encore récemment combien elle se sentait riche avec sa petite retraite. Un jour, elle m'avoua, en ajoutant aussitôt : « Mais ça, tu le dis à personne ! », donner jusqu'au tiers de ses revenus mensuels, soit plus de trois cents euros, à quelques-uns des miséreux qui remplissent la Terre. À l'heure ou tant d'autres personnes âgées ont peur de manquer et accumulent insatiablement, elle incarnait à mes yeux parfaitement cette phrase de Lao-Tseu, le grand sage chinois, « qui se contente de peu est riche ! ».
Dans ce temps présent, où la sécurité d'une personne dépend de la grosseur de son portefeuille, où la fierté d'une nation se mesure à son taux de croissance, cela aussi est extraordinaire.
Sa générosité n'était d'ailleurs pas uniquement pécuniaire. À moi, petit Parisien, elle enseigna le jardinage jusqu'à me faire partager sa passion pour les plantes. À combien d'autres encore a-t-elle fait visiter ses cultures, s'arrêtant devant la fleur que personne n'avait remarquée, la petite Lopézia, blottie dans son coin, une pensée sauvage qui s'est invitée dans l'allée, pour en pointer la beauté ? On a coutume de dire : « Celui qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les hommes ! » Sylvia aimait les fleurs comme elle aimait les humains, c'est-à-dire tendrement. Combien de fois des inconnus venaient la voir sans ne s'être aucunement annoncés ? Et toujours elle les accueillait avec chaleur car, comme dirait Brassens : « Dans son cœur, en se poussant un peu reste encore une petite place ».
Cette douce tendresse envers les plantes ne l'empêchait d'ailleurs nullement de regarder le monde animal avec moins d'affection. Récemment encore, elle était cernée par des hordes de chats câlins et affamés, qu'elle ne pouvait se résoudre à éliminer. Et elle les nourrissait en songeant : « Quand même, ils sont trop nombreux ! »
Il faut bien l'avouer, Sylvia était un peu tête en l'air, comme on dit par euphémisme, et cela lui joua plus d'un tour. Je me souviens de l'avoir vue jeter au compost un lot de semences tout neuf, le confondant avec un autre périmé, mais, lorsqu'elle constatait sa bévue, Sylvia se lamentait sur elle-même avec une telle sincérité qu'elle désarmait sur le champ la moindre volonté de colère, le moindre zélateur ; quand tant de gens, et tant de nations cherchent désespérément à justifier ou nier leurs propres fautes, leurs privilèges, parfois avec véhémence, cela aussi est extraordinaire ! La repentance n'est-elle pas le premier pas indispensable pour accéder au pardon?
Les gens extraordinaires ont forcément des idées extraordinaires ; dans l'esprit de Sylvia germa celle du Biau Germe. Pour une agricultrice bio, quoi de plus logique que d'utiliser des semences bio ? Pourtant personne n'y avait vraiment songé dans notre pays avant qu'elle ne démarre. Aujourd'hui que tout le monde ne parle que d'agriculture bio, la chose paraît évidente, elle l'était moins en 1981.
Et voici encore un effet de sa générosité d'avoir partagé son intuition de départ avec ceux qui se présentaient, sans tirer la couverture à elle, sans prétendre diriger. D'autres auraient recréé une petite entreprise, dans laquelle les nouveaux venus ne seraient que des salariés, ou bien, des plus avisés auraient monnayé le "concept" ; René, Annie et Sylvia se sont contenté de partager à égalité avec ceux qui entraient dans le groupe. Aujourd'hui onze familles en vivent, et combien de bonnes graines semées ?
Qu'ils en aient conscience ou non, bon nombre de Montpezaquais, bon nombre de jardiniers français lui doivent quelque chose, que ce soit un sourire, un bouquet de fleurs, une variété de tomate oubliée ou les moyens financiers de vivre d'agriculture.
Sylvia ne s'est pas mariée, ne fut pas mère, « dans ses roses et ses choux n'a pas trouvé d'enfants », mais il n'échappera à personne que ses enfants sont nombreux parmi nous. Brassens, toujours, comme pour la Jeanne de sa chanson, aurait dit d'elle : « Être mère de trois poulpiquets à quoi bon, quand on est mère universelle, quand tous les enfants de la mer, de la terre et du ciel sont à elle. »

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Re: Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par Marie_May » 08 nov. 2016, 12:31

Bel hommage!

Sais-tu si elle aussi faisait partie de l'Arche, Plumee?

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Re: Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par plumee » 09 nov. 2016, 08:30

Il me semble me souvenir que l'équipe de départ de Biau Germe, était partie de L'Arche mais pour Silvia, je ne sais plus.
Modestine, te souviens-tu ?

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Re: Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par Modestine » 09 nov. 2016, 11:11

Non Plumee je ne sais pas non plus. Je n'ai rien entendu à ce sujet.

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Re: Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par Chichinette 11 » 09 nov. 2016, 14:44

Ils n'en parlent pas dans l'historique http://www.biaugerme.com/le-biau-germe_505.php

plumee
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Re: Hommage à Silvia Schmid, créatrice du Biau Germe

Message par plumee » 10 nov. 2016, 10:01

Modestine, te souviens-tu ?

Non Plumee je ne sais pas non plus. Je n'ai rien entendu à ce sujet.
Je dois pouvoir retrouver le compte-rendu que j'avais fait où c'est peut-être probablement sans doute marqué.

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