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Re: anecdotes

Message par ege » 05 oct. 2021, 17:25

c'est une constante, dans les endroits con-finés, les gens évitent de se regarder dans le blanc de yeux, c'est ressenti comme une agression, cf les chiens "territoriaux" style patous qui gardent Leur troupeau, vaut mieux éviter leur regard si on ne veut pas déclencher l'attaque.
c'est encore plus flagrant dans un ascenseur ou la distance ne peut être respectée, ou chacun entre dans la bulle de l'autre et en plus l'enfermement rend les gens plus angoissés; on y diffuse même une musique calmante.
la lecture est un des moyens de s'isoler, comme le casque audio.
il n'y a que les jeunes enfants qui s'exonèrent de ce rite et regardent effrontément les grandes personnes (que souvent ça agace).
à Francfort, je prenais souvent le tram et je me faisais un plaisir de faire des grimaces aux mômes, voire à leur tirer la langue. certains répondaient, après s'être assuré&s que la momon regardait ailleurs, à défaut ils risquaient une baffe!

Claude
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Re: anecdotes

Message par Claude » 05 oct. 2021, 18:08

Marrant. Moizaussi.

Je fais des « grimaces » également aux petits. Une fois la vitre arrière d’un car de ramassage que je suivais en voiture s’est remplie de gamins grimaçants en retour de mes propres rictus.


Remarques :
:D Surcharge soudaine à l’arrière avec risque de cabrage du car ! :oops: Et bien mauvaise surveillance dans le car.

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Re: anecdotes

Message par Chichinette 11 » 05 oct. 2021, 18:34

La première partie de ta dernière phrase, c'est un gros n'importe quoi :lol:

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Re: anecdotes

Message par ege » 07 oct. 2021, 16:20

pareil pour les navions si tout le monde se met du même côté pour voir un paysage par exemple

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Re: anecdotes

Message par plumee » 08 oct. 2021, 08:15

Je fais des « grimaces » également aux petits. Une fois la vitre arrière d’un car de ramassage que je suivais en voiture s’est remplie de gamins grimaçants en retour de mes propres rictus.
J'aurais trouvé rigolo et plus que ça, de répondre aux grimaces par un grand sourire et un envoi
de baisers. :lol:

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Re: anecdotes

Message par Claude » 08 oct. 2021, 13:00

J’avais initié des grimaces !

M’enfin la Plume ! Franchement, à notre époque, envoyer des baisers à des enfants dans la rue, je ne voudrais pas me voir suspecter de je ne sais quelle vilénie ! Tu ne crois pas qu’on souffre de pas mal de malentendus avec ces foules de gens enfermes dans leur bulle cognitive.


Et pire, je ne voudrais pas qu’on me prenne pour un ecclésiastique !

J’ai bien d’autres choses à gérer.

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Re: anecdotes

Message par ege » 10 oct. 2021, 11:22

il y a pire, je te déconseille de photographier un enfant en grande bretagne!

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Re: anecdotes

Message par plumee » 12 oct. 2021, 18:44

Une anecdote qui fait rêver… enfin… façon de parler:

Ma petite fille de 11ans a voulu faire du théâtre.
Après le premier atelier, elle rentre en larmes, à cause du sujet sur lequel l'animateur propose de les faire travailler.
Je vous le donne en mille:
le génocide au Rwanda…

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Re: anecdotes

Message par Claude » 12 oct. 2021, 21:05

Glups !!!

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Re: anecdotes

Message par PatriciAndree » 13 oct. 2021, 07:28

Ahurissant. A-t-il conscience ce type que les participants sont des enfants venus pour du loisir ?

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Re: anecdotes

Message par plumee » 13 oct. 2021, 08:15

Ahurissant. A-t-il conscience ce type que les participants sont des enfants venus pour du loisir ?
Pas de mal à affirmer que non et même à penser qu'il est quelque peu dérangé.
J'espère que tous les parents se sont remués.

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Re: anecdotes

Message par Claude » 13 oct. 2021, 22:37

Mais quel est le cadre de cet atelier ?

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Re: anecdotes

Message par plumee » 14 oct. 2021, 10:24

Je pense que c'est le collège car, quand je lui ai demandé si les parents avaient réagi,
ma belle-fille m'a envoyé le message suivant:


Bonjour, oui c'est fou... J'ai eu le prof au téléphone, il dit que malgré tout le film ( et le livre) qui vont servir de support
à l'atelier théâtre n'est pas si anxiogène que ça. La grande copine de ma fille n'a pas réagi comme elle,
elle est toujours bien motivée par le théâtre. Le prof va discuter avec ma fille et lui proposer de continuer
au moins jusqu'à Noël, pour se laisser le temps de voir un peu mieux ce qu'ils vont faire.
Il a aussi un pb de subventions s'il n'a pas assez d'inscrits, je lui ai fait remarquer que ce n'était pas correct
de faire peser sur ma fille la responsabilité du financement de son atelier...
Déjà qu'elle est revenue de la première séance en disant "on est responsable du génocide au Rwanda..."
L'utilisation du "on", aïe aïe aïe...


Pauvrette, car, en plus,

Elle ne va plus au collège car elle a été testée Covid (elle a 11ans), avec fièvre et fort mal de tête.
Sa petite sœur de 4ans est cas contact et doit rester isolée 17 jours, le papa et moi en tant que vaccinés
nous sommes cas contact mais sans obligation d'isolement.


Sans obligation d'isolement, alors que même vaccinés, on peut transmettre le virus???
Décidément, je ne comprends plus rien…
Mais pour ma petite-fille, je suis quasiment persuadée que si elle n'avait pas été aussi perturbée émotionnellement
par cet évènement, elle ne serait pas tombée malade dans la foulée.

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Re: anecdotes

Message par PatriciAndree » 14 oct. 2021, 12:19

Bref, il y aurait un usage politique de cet atelier théâtre peut-être dans le cadre du collège. Quand au passage sur le financement c'est sidérant, c'est faire peser un poids sur les gamins.

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Re: anecdotes

Message par Claude » 14 oct. 2021, 19:46

L’emploi du ON, du ILS…… ah lala !

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Re: anecdotes

Message par plumee » 18 oct. 2021, 08:55

Vous vous souvenez peut-être de ce géorgien (Joni) que j'avais embauché et qui l'a été aussi, dans la foulée
par nos jeunes amis vignerons et arboriculteurs au village.
Il y est maintenant en CDI. Heureux comme tout.
Bref, ces gens se révèlent très conventionnels: on respecte les personnes âgées, on fête les anniversaires …
je dis ça parce que moi, les zanniv' ça m'agace.
Bref, Joni tient à célébrer l'anniversaire de son patron.
Un jour, il s'est pointé avec un long paquet dans lequel il y avait une bouteille de vodka en forme de…
mitraillette. :lol:
Joni n'a rien d'un violent, je suppose que cette présentation était pour signaler la force du breuvage.

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Re: anecdotes

Message par Claude » 18 oct. 2021, 14:24


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Re: anecdotes

Message par Claude » 18 oct. 2021, 14:25

:( Hum, hum !
Le truc hyper viril !

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Re: anecdotes

Message par Claude » 18 oct. 2021, 14:38

Madame Claude qui est plus sourde que moi, avait tenu à ce que je l’accompagne
dans un centre mutualiste pour obtenir un audiogramme. Il y avait foule, c’était un peu foutoir dans l’entrée.
L’accompagnant ne pouvait accompagner. Bon, là ça va.´

La façon dont l’examen s’est déroulé l’a énormément déçue. Je raconte sans être témoin direct.
La soignante se révéla revêche, pressée et râleuse et elle oublia
l’examen du conduit auditif qui nous semble le minimum syndical.
Revenue à la maison, ma femme constata que l’audiogramme était au nom
d’une homonyme du même nom et même prénom qu’elle, mais habitant à Nice.

Je ne vous raconte pas le contenu de la lettre de protestation qui fut adressée au Directeur du Centre MGEN !!!

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Re: anecdotes

Message par ege » 18 oct. 2021, 17:19

"merci patron" parmi les prolétaires, on reconnait la tronche de Luis Régo, l'avocat le plus bas d'inter des flagrants délires!

je me rappelle m'être régulièrement arrêté sur la route de mes permanences professionnelles le temps d'écouter cette émission

morceau choisi:

https://duckduckgo.com/?q=tribunal+des+ ... XWQaQhbXSQ

et dire que maintenant ils ont inventé le politiquement correct

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Re: anecdotes

Message par plumee » 18 oct. 2021, 17:36

morceau choisi:
Tu veux dire, les cent morceaux choisis? :D

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Re: anecdotes

Message par Claude » 22 oct. 2021, 14:46

Ai rencontré un employé de l’hyper qui réapprovisionnait des rayons.

Une simple assiette au décor quadrillé nous a donné l'occasion d’un échange digne de la salle d’attente d’un psy. Il pensait que les schizophrènes étaient de bons clients du rayon vaisselle car ils en cassaient beaucoup pendant leurs scènes de ménage, disait-il. L’agent aux rangement pouvait donner des chiffres. Comme je ne sais pas très bien ce qu’est un schizophrène, j’ai fait le type intéressé mais il ne m’a hélas pas instruit. Je ne sais toujours pas très bien ce qui me différencie d’un schizo et s’il existe une différence entre les deux ! J’aurais pu m’emparer de l’assiette et la fracasser violemment par terre mais il me manquait une personne pour jouer à la scène conjugale. Et puis je n’aime pas me donner en spectacle, sauf quand je le fais.

Un peu plus loin non pas dans le rayon mais dans la conversation, une de ses remarques m’incita à lui répondre qu’il était peut-être paranoïaque. « Ne seriez-vous pas parano ? ». J'étais content de la réplique et lui non plus. Il n’a pas dit non et nous avons continué, l’agent au rangement et le chaland, à disserter en jouant aux savants.

Sautant de l'âne au coq, je lui ai fait part de ma conviction qu’il y avait de fait énormément d’amour propre dans l’amour humain. « Quand la dame me déclare que je lui plais, mon amour propre se rengorge et je la trouve bien plus belle. Je pourrais même :geek: ajouter : Qu’est-ce que cette personne a bon goût ! ». Ainsi va la vie.

Il fallait bien finir le colloque. Il me croyait —horreur ! — psy-quelque-chose. Je lui dis sans entrer dans les détails « Je ne suis pas psy, je serais plutot psychiatrisé que psychiatre ou psychanalyste, et franchement, pour tout vous dire, je pense que certains me trouvent zinzin ».
« Moi aussi je le suis un peu », m’avoue cet interlocuteur parfait bien que sans timiditė , « mais quand je regarde les autres, et quand je vois comment va le monde », finit-il enfin, « je ne sais plus qui est fou ! »

Dans les rayons d’un supermarché, cherchez les niches et l’inattendu.

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Re: anecdotes

Message par ege » 22 oct. 2021, 16:57

c'était pas devos ton employé?

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Re: anecdotes

Message par plumee » 25 oct. 2021, 19:33

Une anecdote signée Didier van Cauwelaert, qui s'intitule "L'écrivain, les courgettes et le pass sanitaire",
qui ne manque pas de sel et qui est bien à l'image des dispositions covidiennes prises par nos élus
depuis le début.


L'écrivain, les courgettes et le pass sanitaire
par Didier van Cauwelaert

"Niché au cœur d’un village des Bouches-du-Rhône, c’est l’un des salons du livre que je préfère. Il a été créé en 1990 à Fuveau sous l’égide d’Edmonde Charles-Roux par un passionné, Jean Bonfillon. Aujourd’hui, sa veuve Christiane et une trentaine de bénévoles continuent d’animer avec la même ardeur Les Écrivains en Provence, rendez-vous festif que le succès n’a jamais dénaturé.
Nous dédicaçons sous les platanes, en haut du boulevard Loubet où se tient le marché des producteurs locaux, et cette union géographique des maraîchers, des artisans et des auteurs stimule autant la gourmandise que l’envie de lire et d’échanger.

Cette année, après une demi-douzaine de décrets contradictoires, la préfecture a exempté du pass sanitaire les acheteurs de courgettes, de charcuterie, de miel et d’objets d’art pour l’imposer aux seuls amateurs de livres. Dans le strict respect de leur interprétation de la loi, les bourreaucrates ont ainsi exigé qu’on grillage l’espace littéraire, afin de l’isoler de la manifestation « normale », matérialisant de fait une sorte de zoo dans lequel un public trié par QR code aurait seul accès aux gens de plume, cette espèce dangereuse hautement contaminante, à leurs yeux, de par la présumée résistance du variant culturel aux mesures discriminatoires. Dans ce camp retranché d’auteurs et de lecteurs « sanitairement corrects » bagués bleu ciel façon volaille, on imagine la mine des écrivains algériens, invités d’honneur cette année, qui étaient venus au pied de la Sainte-Victoire célébrer la liberté d’expression.
Difficile de se rappeler dans un tel contexte que, le 17 juin dernier, notre chef de l’État a érigé la lecture en « grande cause nationale 2021 ». Ce n’est pourtant pas sous le patronage d’Alfred Jarry et de son Ubu roi que cet édit culturel était placé, mais sous celui de Fabrice Luchini et des Fables de La Fontaine – ce génial visionnaire des Animaux malades de la peste, qui nous raconte comment Sa Majesté le Lion, dans le but d’éradiquer une épidémie, réunit le parlement animal pour choisir une victime expiatoire. Ce fut, ne l’oublions pas, le mouton. « Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blancs ou noirs. »

Quoi qu’il en soit, nous étions bien contents, nous les fournisseurs de la grande cause nationale. Quelques mois plus tôt, le livre était encore qualifié de « non essentiel », prohibé dans les librairies closes comme dans les hypermarchés bondés, où des rubans de scène de crime en empêchaient l’approche – outrage à la littérature qui avait scandalisé toute l’Europe, et dont nous avions obtenu réparation par nos soutiens aux libraires, nos coups de gueule et nos articles incendiaires. Une page bien noire venait d’être tournée.

Et voilà que ça recommence. Mais, cette fois, le milieu culturel baisse les bras, dans l’espoir de conserver l’autorisation d’accueillir le public. Les enfermistes auraient gagné ? Pour nous « épargner » le reconfinement, ils ont imposé le tri sélectif. En nous piégeant dans nos contradictions, nos concessions, nos élans de révolte cassés par le moutonnage ambiant, ils pensent avoir eu le dernier mot.
Que faire ? Boycotter les salons du livre en privant les organisateurs, le public et nous-mêmes de ces moments d’échange si précieux ? Nous censurer au nom des libertés foulées aux pieds, par solidarité envers les professions bien plus pénalisées que nous, et nous faire ainsi traiter de brebis galeuses, de covido-sceptiques, de crypto-complotistes par les hystériques appointés des plateaux télé ? Nous sommes un certain nombre d’auteurs à nous poser ce dilemme, à chercher une solution qui ménage notre honneur, nos principes et nos scrupules. En ce qui me concerne, j’avais promis à Christiane Bonfillon que je viendrais, bien avant l’instauration du sauf-conduit médical lors de la conférence présidentielle au Grand-Palais éphémère, et j’ai tenu ma promesse.
Résultat : gros succès du marché alimentaire, mais embouteillages dissuasifs aux contrôles d’accès à la littérature, déception et agacement général aboutissant à une forte baisse de la fréquentation, pour la première fois dans l’histoire de ce festival toujours pris d’assaut. Mission accomplie pour les bourreaucrates : il suffit d’entraver l’accès à la culture pour démontrer, par la diminution artificielle de la demande, qu’il s’agit bel et bien d’une activité « non essentielle » aux yeux de la population.

Quittant quelques minutes mon stand sous surveillance policière pour aller flâner dans la zone libre du marché des producteurs, je croise une famille atterrée qui m’aborde, chargée de sacs. « On voulait vous faire signer nos livres, mais il paraît qu’on n’a pas le droit : on est venus sans pass. » M’asseyant alors sur un ballot de paille, adossé à une charrette décorative, j’entreprends de dédicacer les trente ans d’intimité que je partage à mon insu avec ces trois générations de lecteurs – les plus beaux moments de la vie publique d’un auteur, ceux qui justifient tant de mois de labeur solitaire, de doute et d’obstination silencieux, d’exclusion volontaire pour aller au fond de soi retrouver le sens de la vie et le goût des autres.

Et voilà qu’une dizaine de curieux s’approchent, que des liens se créent, que des astuces jaillissent. Une dame au vigoureux accent provençal lance à une amie : « Hé, toi, la cuèrcodée, tu ne veux pas aller m’acheter un bouquin du monsieur, comme ça, il me le signe ici ? » Je souscris, ravi. La voilà, la solution ! La signature « hors-les-murs », entre les courgettes, les saucissons et les tapenades. Mon nouveau statut : réfugié culturel au milieu des étals de bouffe. On accroche à la charrette derrière moi une pancarte aux accents magrittiens : « Ceci n’est pas un écrivain, mais un producteur d’histoires », et le tour est joué.

La meilleure façon de contourner une loi discriminatoire pour aider à son abrogation, c’est parfois de la respecter au pied de la lettre. Rappelons-nous comment Jacques Offenbach, en 1857, a vaincu par l’humour une censure grotesque lui défendant de faire chanter plus de quatre personnages en même temps sur une scène. Son ouvrage Croquefer en comporte un cinquième. Au lieu de le supprimer pour éviter l’interdiction du spectacle, le compositeur imagine que l’infortuné surnuméraire a eu la langue coupée dans un combat, ce qui le contraint à présenter son texte au public sur de grands panneaux, tandis que ses camarades de jeu chantent sa partition à la troisième personne. L’hilarité dans laquelle une telle provocation plonge le public, des spectateurs les plus modestes jusqu’à l’empereur Napoléon III, aura raison de cette mesure de restriction débile. Et le ministre qui l’avait imposée, Charles de Morny, deviendra sous pseudonyme un des librettistes d’Offenbach.

Voilà où nous en sommes arrivés, aujourd’hui : aller puiser dans un régime impérial, issu d’un coup d’État, un exemple de liberté restituée après confiscation. Mais bon, nous ne sommes pas pour autant, comme l’affirment quelques centaines de milliers d’excédés, en dictature sanitaire. « Allez voir ce qui se passe en Corée du Nord », leur ont répliqué les intraitables hygiénistes qui nous gouvernent – défense assez maladroite, avouons-le, ramenant la définition de la dictature à une question de degré et non de nature. Mais une chose est certaine : les croque-morts, les pète-sec et les pisse-froid qui nous empoisonnent la vie pour nous protéger du mal ont oublié – ou refusent d’admettre – que le rire est l’un des meilleurs moyens de renforcer nos défenses immunitaires. Le rire qui désamorce la peur, le stress, la dépression, la soumission.

« On ne plaisante pas avec la santé ! » ripostent les covidolâtres accrochés à leur nouveau credo. Un peu de patience, messieurs les censeurs. Lorsque, de dose en dose, de nouvelles vagues en variants résistants, le citoyen se sera habitué à commander sa piquouse hebdomadaire à la « Pfizéria » du coin, c’est qu’il aura été vacciné de surcroît, dans son intérêt et celui des autres, contre cet humour dangereux pour l’immunité de l’État."



Fichiers joints
DidierVanCauwelaert 'écrivain, les courgettes et le laisser-passer sanitaire.docx
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Re: anecdotes

Message par Claude » 26 oct. 2021, 00:33

:mrgreen:

Un style assuré et un bien joli délire.
Et la preuve qu’on peut exceller dans l’agencement des mots mais déménager devant les maux de l’heure. ;)

;)

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