Textes, beaux textes

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Claude
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Textes, beaux textes

Message par Claude » 11 avr. 2019, 23:27

Un texte inédit du poète V.H. qui aimait les nuages, les brumes et les couverts … :lol:
L'HALEINE SOLAIRE

Je déteste le soleil épais, pesant, éblouissant des beaux jours.

Les pluies en mai m'enchantent, étrangement. Un ciel couvert de nuages peut réveiller en moi les ardeurs les plus molles mais les plus authentiques. La vie, la vie poétique, cotonneuse, indolente, je la sens sous l'onde de mai, qu'elle prenne la forme de crachin tiède ou de grand voile humide. Mes humeurs s'affolent avec une exquise lenteur lorsque entrent en scène les particules d'eau qui virevoltent dans les airs, s'immiscent sur les toits, humectent les feuilles. Sur la ville la pluie vernale apporte une fraîcheur aqueuse pleine de l'odeur des champs. L'atmosphère est ralentie, trouble, chargée de réminiscences.

J'aime ne voir au-dessus de ma tête qu'un immense manteau d'une blancheur uniforme.

En juin le ciel entièrement couvert me donne une sensation d'éternité, de profondeur, mais aussi d'infinie légèreté. Les aubes de juin sans soleil me ravissent. A la lumière crue et directe de l'été je préfère la clarté douce et diffuse que filtre une barrière de brumes blanches.

En juillet je n'espère que l'éclat nivéen d'une lumière d'avril. Certains jours du mois estival la nue ne laisse passer aucun rayon, alors les champs de blé deviennent pâles comme si la Terre était devenue la Lune.

Août, je le préfère sous un vent doux et serein plutôt qu'embrasé par des tempêtes de lumière. Là, le monde m'apparaît sous son vrai jour : sans les artifices et superficialités communément inspirés par l'astre.

L'alchimie nuageuse provoque en moi un mystère de bien-être qui m'emporte loin en direction des espaces nébuleux, haut vers l'écume céleste.

Entre genèse des étoiles et éveil du bourgeon.

VICTOR HUGO

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Re: Textes, beaux textes

Message par Marie_May » 15 avr. 2019, 17:14

A Guernesey, il a été servi question nuages, ondes de mai et crachins tièdes.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 11 janv. 2022, 18:13

Je conseille de cliquer sur ce lien pour entendre Emmanuel Carrère dire ce texte magnifique :

https://www.franceculture.fr/emissions/ ... el-carrere
.
:o
.


Le rêveur est un homme qui marche dans le quartier des Ternes. Il sait où il va. Il est heureux d'y aller. Depuis la station de métro où il est descendu, le trajet lui est familier. Il pourrait le faire les yeux fermés. Il pourrait le décrire avec une extrême précision. Et s'il aime tant le faire ce trajet, c'est parce qu'il le conduit jusqu'à une rue, jusqu'à un immeuble où habite une femme avec qui il a depuis plus de dix ans une liaison absolument secrète. Et cette liaison et ce qu'il a de plus précieux au monde. 

Tous les quinze jours, ils se sont accordés sur cette fréquence, il descend au métro Ternes, il marche cinq minutes jusqu'à la petite rue calme, jusqu'à l'immeuble bourgeois où se trouve l'appartement de cette femme. Elle lui ouvre, ils s'embrassent, la porte se referme sur eux, les heures qui suivent n'appartiennent qu'à eux.

Dans cette bulle d'espace et de temps totalement abrités du monde extérieur, tout n'est que désir, douceur, quiétude, entente des corps, conversations murmurées. C'est dans le secret que se déploient leur amour et ils pensent tous les deux qu'ainsi protégés, cet amour durera toujours jusqu'à ce que l'un des deux meurt. Ils se retrouveront tous les quinze jours dans la paix de cet appartement vers lequel l'homme se dirige d'un pas confiant. 

Il descend donc l'avenue dans laquelle donne la rue abritant son bonheur. Il a dû être distrait, il a dépassé la rue, ça ne lui est jamais arrivé. Il remonte l'avenue et il ne retrouve pas la rue. Il y a la rue d'au-dessus, il y a la rue d'en dessous, qu'il connaît toutes les deux parfaitement, mais la rue qu'il cherche et qui devrait être entre les deux, elle n'y est plus. Il remonte, il redescend plusieurs fois, comme s'il attendait que la rue reprenne sa place, mais non, elle n'y est plus. « Ce n'est pas possible », pense l'homme : « Je connais par cœur ce trajet de l'avenue à la rue, de la rue à l'immeuble, de l'immeuble à l'appartement ».

Mais à peine pensé cela, l'homme prend conscience qu'il ne se rappelle en réalité plus rien, ni la rue qui vient de disparaître, ni l'immeuble, ni cet appartement dont il aurait pu dessiner le plan de mémoire et qui s'est englouti dans l'oubli, ni même le visage de cette femme qui a été en secret, le grand amour de sa vie. Il ne se rappelle plus son visage. Il ne se rappelle plus sa voix. Il ne se rappelle plus les mots qu'elle lui disait. Il ne se rappelle plus son nom. Plus rien de tout cela n'existe, car rien de tout cela comprend-il, n'a jamais existé. Cette femme merveilleuse, cette liaison enchantée, tout cela n'était qu'un rêve et c'est à ce moment quand il prend conscience que ce qui lui a été donné de plus précieux dans la vie n'était qu'un rêve que l'homme se réveille.

Et maintenant, arrive ce qu'il y a de plus poignant dans ce récit que fait Roger Caillois. Tout cela n'était qu'un rêve, un rêve d'angoisse classique, mais le rêveur éprouve dans la réalité le même sentiment d'absolue détresse que son double du rêve. Ce bien si précieux, la femme, la liaison, le secret partagé, il ne la possédait que dans le rêve et il n'en a été dépossédé que dans le rêve, cela s'est passé en une seconde, mais dans cette seconde se sont déployés dix années d'amour fou et ce qui lui reste, c'est leur perte. Comme si ce bloc de passé merveilleux lui avait été donné pour de bon et venait de lui être repris pour de bon, le laissant dans le désarroi, dans le veuvage, dans le vertige de la perte.

Et chaque fois que je repasse ce rêve qu'a fait ou inventé Roger Caillois, j'éprouve à mon tour ce désarroi, ce veuvage, ce vertige qui me donnent envie, non pas seulement de mourir, mais d'être mort, de n'avoir, moi non plus jamais existé." 


Emmanuel Carrère - Extrait de "Yoga" (P.O.L.)**

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Re: Textes, beaux textes

Message par plumee » 12 janv. 2022, 18:37

Maintenant, quand je vois ces pavés d'écriture, je me sens comme une gamine à qui on demande
d'avaler d'un seul coup un gros cube de pain sec.
J'peux pus. Je ne fais même plus l'effort qui me demande trop d'attention.
Du coup, ça me coupe même l'envie d'aller écouter sur le site du lien!. :|
Presque, le lien seul me pousserait à la curiosité…

Un texte est facilement lisible quand il est aéré, avec des retours à la ligne fréquents, en fonction du sens;
avec de la ponctuation qui correspond à des respirations.

Claude
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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 12 janv. 2022, 18:46

Dommage. Ce texte-là, je l’ai trouvé extraordinaire ().

En le relisant, il m’a fait pleurer à nouveau. Va savoir pourquoi certains textes créent une telle émotion !
Peut-être nous renvoient-ils à du vécu.

É. Carrère l’avait très bien lu son texte
ce qui est inhabituel pour un romancier.
Je dis cela pas seulement pour t'encourager … :lol: :lol:

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Re: Textes, beaux textes

Message par PatriciAndree » 12 janv. 2022, 18:59

Je n'arrive pas à lire de longs textes sur écran de téléphone ou d'ordi. Donc je veux bien te croire Claude encore que Carrère ne m'a pas laissé de bons souvenirs de lecture.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 14 janv. 2022, 22:40

PatriciAndree a écrit :
12 janv. 2022, 18:59
Je n'arrive pas à lire de longs textes sur écran de téléphone ou d'ordi. Donc je veux bien te croire Claude encore que Carrère ne m'a pas laissé de bons souvenirs de lecture.
Je n’ai rien lu de lui mais ce texte m’a fait un grand effet.

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Re: Textes, beaux textes

Message par PatriciAndree » 16 janv. 2022, 10:32

J'ai lu 2 livres de lui et j'en ai retiré l'impression pénible que le seul sujet abordé c'est lui.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 16 janv. 2022, 17:52

La taille des caractères de ce texte a été agrandie (portée à 130) puis j’ai aéré en créant des paragraphes plus courts !

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 28 janv. 2022, 14:40

Un de mes poèmes préférées
et ce depuis plus de 40 ans
de Jacques Prévert.
J’ai dû le dire ou vouloir le dire lors d’un cabaret poétique.
Dans ma maison …


Dans ma maison vous viendrez
D’ailleurs ce n’est pas ma maison
Je ne sais pas à qui elle est
Je suis entré comme ça un jour
Il n’y avait personne
Seulement des piments rouges accrochés au mur blanc
Je suis resté longtemps dans cette maison
Personne n’est venu
Mais tous les jours et tous les jours
Je vous ai attendue

Je ne faisais rien
C’est-à-dire rien de sérieux
Quelquefois le matin
Je poussais des cris d’animaux
Je gueulais comme un âne
De toutes mes forces
Et cela me faisait plaisir
Et puis je jouais avec mes pieds
C’est très intelligent les pieds
Ils vous emmènent très loin
Quand vous voulez aller très loin
Et puis quand vous ne voulez pas sortir
Ils restent là ils vous tiennent compagnie
Et quand il y a de la musique ils dansent
On ne peut pas danser sans eux
Faut être bête comme l’homme l’est si souvent
Pour dire des choses aussi bêtes
Que bête comme ses pieds gai comme un pinson
Le pinson n’est pas gai
Il est seulement gai quand il est gai
Et triste quand il est triste ou ni gai ni triste
Est-ce qu’on sait ce que c’est un pinson
D’ailleurs il ne s’appelle pas réellement comme ça
C’est l’homme qui a appelé cet oiseau comme ça
Pinson pinson pinson pinson

Comme c’est curieux les noms
Martin Hugo Victor de son prénom
Bonaparte Napoléon de son prénom
Pourquoi comme ça et pas comme ça
Un troupeau de bonapartes passe dans le désert
L’empereur s’appelle Dromadaire
Il a un cheval caisse et des tiroirs de course
Au loin galope un homme qui n’a que trois prénoms
Il s’appelle Tim-Tam-Tom et n’a pas de grand nom
Un peu plus loin encore il y a n’importe qui
Beaucoup plus loin encore il y a n’importe quoi
Et puis qu’est-ce que ça peut faire tout ça

Dans ma maison tu viendras
Je pense à autre chose mais je ne pense qu’à ça
Et quand tu seras entrée dans ma maison
Tu enlèveras tous tes vêtements
Et tu resteras immobile nue debout avec ta bouche rouge
Comme les piments rouges pendus sur le mur blanc
Et puis tu te coucheras et je me coucherai près de toi
Voilà
Dans ma maison qui n’est pas ma maison tu viendras.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Plumix » 28 janv. 2022, 17:35

Tu me donnes envie de relire Prévert... :P

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 28 janv. 2022, 18:16

Merci, merci !

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Re: Textes, beaux textes

Message par Plumix » 06 févr. 2022, 17:55

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Re: Textes, beaux textes

Message par PatriciAndree » 06 févr. 2022, 18:31

Belle pensée pas si simple à vivre.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 06 févr. 2022, 22:54

Les rayons de certaines de ces denrées sont souvent dégarnis. :lol:

Mais cher PlumiX l’intention est bonne ou charitable selon celui ou celle à qui elle est destinée. :oops:

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Re: Textes, beaux textes

Message par Chichinette 11 » 06 févr. 2022, 23:01

:?: :?: :?:

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 26 févr. 2022, 00:51

Une fable terriblement d’actualité :
.
LE LOUP ET L'AGNEAU

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.
Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.

Sire, répond l'Agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.

Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère

Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens:
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos Bergers et vos Chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."

Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.

Jean de La Fontaine

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Re: Textes, beaux textes

Message par Marie_May » 28 févr. 2022, 09:46

L'agneau en question, il n'a pas l'Otan et les USA derrière lui.
Mais pourquoi ne pas se laisser aller à crier avec nos loups à nous qui nous saturent de notre propre propagande... ? C'est tellement plus simple.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 28 févr. 2022, 10:15

Dans ce cas de figure, MM,
1) Tu reconnaîtrais le droit au « chef » d’un grand pays voisin de nier le droit des pays alentour de se gouverner par eux-mêmes ?
2) Et de passer des paroles aux actes en envahissant le dit voisin ?

OTAN ou pas, cela ne change rien à la réalité de l’acte de guerre …… et à l’appétit du loup !


Autant que je sache l’OTAN a été au départ une association de défense. Mis à part une intervention dans l’ex-Yougoslavie déchirée. Que des pays comme la Pologne ou l’ancienne Tchécoslovaquie entre autres …… aient tenu à adhérer à l’OTAN pour profiter du parapluie nucléaire américain en dit beaucoup sur la perception qu’ils avaient de leur voisin russe et de son comportement passé !? Tu ne peux pas ignorer ces adhésions et la probable trouille que la Russie de Poutine inspire à tous les anciens satellites de l’ex URSS.

Je suppose que tu n’as pas suivi de très près ce qui se passait et que tu utilises un logiciel ancien. Les temps ont changé. L?ancien monde unipolaire avec les USA au centre est remplacé par un monde moins simple et plus carnassier.

L’ Ukraine se retrouve bien face à un loup qui s’est préparé à la guerre, et qui a invoqué des prétextes pour lancer son attaque comme le loup de la fable : un génocide de russophones, une nazification de son voisin. Et comme le candidat russophile a été battu aux élections, —Trump parlerait de vol– forcément c’est un coup d’État qui a mis Volodymyr …… au pouvoir, ce qui autorise Poutine à parler de « Junte » qu’il veut renverser.



Renseigne-toi sur le rôle de l’armée russe en Géorgie, en Crimée, …… ainsi que de leur renfort effectif au tyran syrien.
Poutine est un nationaliste actif, guerrier qui ne se contente pas de rêver aux oripeaux de la grandeur impériale perdue.
Surtout son rêve est un cauchemar pour ceux qui l’ont subi et le subissent aujourd’hui.

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Re: Textes, beaux textes

Message par Marie_May » 28 févr. 2022, 10:46

J'ai suivi de très près. Je suis très renseignée. Mais je sais aussi ce que valent les "renseignements".
Sois gentil de ranger un peu au placard ton logiciel personnel un peu trop assuré d'avoir raison et quelque peu méprisant, en dépit de ta légendaire humilité, merci. Nous ne sommes pas sur un média politique, s'pas...?

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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 27 juin 2022, 10:51

Brassens et J-L Trintignant. Marquise …


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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 28 juin 2022, 12:57


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Re: Textes, beaux textes

Message par Claude » 19 août 2022, 14:43


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Re: Textes, beaux textes

Message par Marc » 20 août 2022, 08:55

Il va falloir que je vienne faire un tour ici....

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Re: Textes, beaux textes

Message par plumee » 27 août 2022, 14:47

Encore Colette dans "Journal à rebours".

Un serpent dans la cuisine.

« Un serpent ! Un serpent dans la cuisine ! »
J’accours. L’enflure méridionale a, cette fois, respecté la vérité : il y a un serpent dans la cuisine et même, sur la table de la cuisine. Une belle couleuvre un peu rousse, à tête fine.
Apportée dans une pannerée d’oignons. Le bizarre est qu’elle ne veut pas s’en aller.
Sans armes, elle nous menace – disons, moins modestement, qu’elle me menace.
Elle a marqué mon entrée par un sursaut d’attention et de fierté.
Maintenant, elle me suit jusqu’au seuil..
Au seuil, elle rebrousse chemin, enlace un pied de la table et, sur les casiers de damier de la toile cirée, joue sa chance, se tord en chiffres et en lettres.
Je lui tends un doigt trempé dans le lait. Elle le lèche d’un pistil bifide et noir, puis le dédaigne.
Mais dressée, à demi-coudée, elle me regarde à la figure. O croisement des regards ! Lien que la bête tente de nouer et que l’homme toujours dénoue !
Comme le chat, le cheval et le chien, la couleuvre connaît, interroge la fenêtre de l’œil. Elle quête, elle comprend.
Bien qu’elle m’ait sacrée personne d’importance, que puis-je faire pour elle ?
« Ecoute, couleuvre, il faut pourtant qu’on épluche les oignons, qu’on hache la viande qui va les farcir. Tu vois bien que la cuisinière refuse de régner ici en même temps que toi ».
Cela, c’est de la littérature humaine. Nous cédons tous, plus ou moins, au besoin de bétifier avec l’enfant ou l’animal. Ni l’un, ni l’autre, ne s’y laissent prendre.
Quand je veux saisir la couleuvre par son col délicat, elle m’échappe, écrit avec irritation cinq, cinq zéro, ou bien SOW, sur la toile cirée et attache aux miens ses petits yeux dorés.
A la fin je lui tends une canne qu’elle tâte, accepte et change en caducée. Alors, je porte le tout dans le jardin. Mais là, elle est prise de nostalgie, gravit en courant, si j’ose ainsi m’exprimer, les deux marches et remonte sur la table.
Que sa vitesse nous est étrange !
La moitié antérieure de son corps se précipite et semble jaillir d’elle-même, se crée, croit, quand l’autre moitié attend encore de se mettre en marche pour la rejoindre.
A deux reprises la sociable couleuvre rousse conquiert la cuisine.
Il me faut la pousser, la balayer comme une épluchure.
Encore ne se résout-elle pas à s’éloigner et elle s’établit dans une touffe d’asters violets, au pied desquels le joint desserré d’une prise d’eau entretient une petite flaque, cernée d’ailes : papillons, libellules, longs hyménoptères, sans compter les hôtes des laitues. Voilà l’affaire d’une couleuvre.
« Eh ! Qu’elle reste, dit ma cuisinière attendrie.
Je l’appellerai Malvina ».



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