Vieillir, grand mot ou grands maux ?

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Claude
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Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 09 août 2022, 07:48

Je vous fais partager ma lecture du matin. Voici une des versions de la vieillesse
.

Bonjour vieillesse (1/4)

Laure Adler: «Je suis vieille et je vous emmerde»

Article réservé aux abonnés
Pour la journaliste et écrivaine, vieillir, ce n’est pas renoncer, c’est être sauvage, en colère, passionné. Et surtout résister face à la tentative de relégation et d’invisibilisation du reste de la société.

Laure Adler, à Boulbon dans les Bouches-du-Rhône, le 15 juillet 2022. (Olivier Metzger/Libération )
par Laure Adler, Journaliste
publié le 8 août 2022 à 19h46

Bonjour vieillesse (1/4)

Nous vivons dans une société vieillissante. Ça veut dire quoi «être vieux» ? Pourquoi un tel tabou autour d’un phénomène inévitable et universel ? Pour que la vieillesse ne soit pas seulement abordée par le prisme du déclin, et de la tristesse, Libé donne carte blanche à Laure Adler, Boris Cyrulnik, Rose-Marie Lagrave et Erri De Luca pour qu’ils racontent ce que vieillir fait plus que ce qu’il défait.


:mrgreen:

Le couple de pies installé dans l’arbre à côté de ma chambre m’a réveillée dès potron-minet. Heureuse, je suis heureuse de me lever dans la blancheur du matin, moi qui ai passé une bonne partie de mon existence à me lever tard et à critiquer celles et ceux qui ne connaissaient pas les délices de la grasse matinée. Le temps me serait-il compté ? Ou est-ce cela vieillir ? Oui, vieillir, c’est accueillir ce qui vous arrive dans l’intensité d’un présent qui, autrefois, vous était dérobé par le vacarme du monde, le tourbillon des projets, le songe des désirs inavoués. Le temps se calme. Pas d’avis de tempête à l’horizon. Une sorte d’acceptation des choses, de l’inattendu, une disposition à être là, juste là.

Faire corps avec le présent n’est pas chose aisée – en tout cas pour moi – et les injonctions de la société vous travaillent sans cesse à bas bruit pour que vous deveniez ceci, que vous espériez être cela, et que votre énergie soit tendue vers quelque chose que vous n’avez pas encore atteint. Cet appel à un futur, souvent non réalisable, vous coince dans une forme d’angoisse et vous renvoie à vos incapacités. En vieillissant l’étau se desserre. La vie n’est plus faite de ce que vous n’avez pas encore à faire, mais de ce qui vous est encore permis de faire.

Temps illimité en apparence seulement, en fait temps précieux car la roue tourne. Les horloges dévorent le présent, un présent âpre au goût déjà presque disparu. Mais foin de la nostalgie. Foin des litanies sur les «c’était mieux avant», «ah si vous aviez connu» : oh tous ces vieux de mon enfance qui, au nom de leur âge, me donnaient des leçons sur ce que devait être ma vie en raison de leur âge canonique. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on a des leçons à donner. C’est sans doute le contraire. On a encore beaucoup à apprendre. A apprendre à désapprendre justement. Donc pas d’enfouissement paresseux dans son propre passé qui a des airs de contentement de soi-même, signes de pré-gâtisme – mais une élasticité assez conquérante, guerrière et jouisseuse de ce temps qui s’offre à nous et que nous ne partageons pas tous de la même façon.

La lente observation de la respiration du monde

Jeune, je n’ai jamais pensé que je deviendrais vieille. Vieille, je ne passe pas mon temps à récapituler ce que j’ai vécu. La vie n’est pas une sédimentation de nos expériences qui s’agrègent entre elles et qui formeraient une cuirasse censée vous protéger du malheur. Il n’y a aucun mérite à être vieux. Il n’y a pas de grades. Il n’y a pas d’étoiles. C’est juste une chance. Il faut l’attraper comme cette peluche que les petits enfants espèrent décrocher au manège. Vieillir est pourtant synonyme de perte, perte de mémoire, perte de repères, perte de moyens, perte de vue. Vieillir pourtant ce n’est pas courir à sa perte. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on est bon à jeter à la benne aux ordures. Vieillir, c’est savoir qu’on est de l’autre côté du monde, pas dans la folle vibration de l’électricité des secondes mais dans la lente observation de la respiration du monde.

Je suis vieille et je vous emmerde. Je les vois qui, dans les entreprises, convoquent les pré-seniors à l’âge de 45 ans en leur expliquant qu’ils ne sont plus assez performants, je les connais ces filles de 30 ans qui rêvent de vite se faire lifter car on leur explique qu’à la commissure de leurs lèvres des petites rides sont déjà apparues. Effacer les signes du temps. Chercher dans le cosmos l’immortalité de nos corps. Envoyer les vieux dans des Ehpad où plus c’est cher moins il y a à bouffer. Invisibilisez-nous. Envoyez-nous loin, le plus loin possible. Oui mais nous, le peuple des vieux, nous commençons à résister. Nous savons aussi dire non. Ce n’est pas parce qu’on a obéi pendant si longtemps silencieusement à vos injonctions funèbres que cela va continuer.

Vieillir, c’est être sauvage, en colère, passionné. Vieillir, ce n’est pas renoncer. Vieillir, ce n’est pas devenir raisonnable. Vieillir, c’est se désencombrer de ce soi qui vous a tant harcelé. Vieillir, c’est ne plus attendre quoi que ce soit de ce que vous n’aimez pas et que vous avez tout de même fait parce que vous vous y sentiez obligé. Gratitude. Oui, gratitude d’être encore là. De sentir le commencement d’une journée et d’y être invitée. Alors je m’élance dans le bleu tendre du petit matin casque sur les oreilles avec Prohibition de et par Brigitte Fontaine : «J’exhibai ma carte Senior/ Sous les yeux goguenards des porcs/ Qui partirent d’un rire obscène/ Vers ma silhouette de sirène/ Je suis vieille et je vous encule/ Avec mon look de libellule/ Je suis vieille et je vais crever/ Un petit détail oublié.»

Tout le monde dort dans le village à l’exception du chat de la voisine, vieux lui aussi, qui me regarde courir lentement. Oui, je cours lentement mais je cours et personne pour se moquer de moi. A l’ombre portée des arbres fruitiers, sur le chemin, je sais quelle heure il est. Je ralentis près de la cabane à outils et cherche l’ombre. Je cours maladroitement mais je cours. Pas question de m’arrêter ni de ralentir. Pas question d’aller plus loin. L’important est de revenir sans avoir le souffle coupé. Conquête de et sur soi-même. Je ressemble à une tortue échouée au milieu de nulle part mais j’ai réussi. J’ai réussi quoi ? A faire la même chose que la veille. Vieillir, c’est un perpétuel devenir. Ce n’est pas l’art d’accommoder ce qui nous reste mais faire circuler autrement ce que nous possédons encore, au-delà même de ce que nous imaginons.

Ce qui importe, c’est la liberté de vivre le présent

Nous, les vieux, nous en avons marre d’être soumis en permanence à l’injonction de pouvoir encore faire, de savoir encore faire. Nous, les vieux, on a le sentiment, voire même la certitude, qu’on décide à notre place de ce que et comment nous devons vivre. Ceux qui ne se prétendent pas vieux ont décidé qu’il n’y avait plus de place. Nous, le peuple invisible, nous avons accepté – jusqu’à aujourd’hui mais les choses sont en train de changer – cette invisibilisation, ce consentement volontaire à ne plus être des sujets à part entière de la société. On nous met loin du cœur des cités pour ne pas déranger, on nous exporte loin du cœur battant parce qu’on pourrait gêner.

Loin, on nous met loin du centre dans tous les sens du terme, loin du centre des décisions, nous ne sommes plus des centres d’intérêt. Allons-nous longtemps nous contenter du monde en solde que les autres, certains autres, veulent nous léguer pour mieux nous reléguer ? Nous prétendons être aussi au centre du monde, au centre de notre monde où nous passons beaucoup de temps à être ce qu’on nomme des aidants. Oui, on ne s’occupe pas que de nous-mêmes, on s’occupe beaucoup des autres puisque nous sommes à la retraite mais pas en retrait du monde et, sans en parler le plus souvent, on vient en aide comme on peut à celles et ceux qui ne sont pas dans la marche triomphante et accélérée du monde tel qu’il va. L’impitoyable aujourd’hui qui nous tolère au mieux, nous stigmatise au pire.

J.-M. Coetzee dans son admirable livre l’Homme ralenti met en scène un homme d’une soixantaine d’années victime d’un accident de vélo qui prend alors conscience de son âge. Avant il n’y pensait jamais. Cette insouciance lui est brutalement enlevée. Son amie Elizabeth Costello, du même âge que lui, mais plus lucide (c’est souvent le cas), lui parle de sa décision intérieure de lâcher prise et de profiter de chaque instant. Elle lui fait comprendre que ce n’est pas le nombre d’années qui importe mais la liberté de vivre le présent. L’âge, en effet, n’est pas seulement une donnée biologique, c’est aussi un sentiment. Il dépend de la classe sociale et du contexte historique. Ainsi, au XIXe siècle, si on était une fille d’un milieu «modeste» et pas mariée à 20 ans, on devenait aux yeux du monde et pour toujours une «vieille fille».

Nous qui avons atteint un âge certain, nous terminons notre existence sans en connaître la fin et n’avons plus tant besoin de donner des preuves. Nous n’avons plus grand-chose à perdre donc nous sommes de bons joueurs, de bons marcheurs des chemins de traverse. L’âge mûr n’est pas une période vouée au déclin que l’on devrait subir le mieux possible mais comme un cycle de liberté et de plaisir où je peux accomplir ce à quoi je n’avais jamais pensé. Il ne faut pas que les non-vieux confondent l’image que la société donne de nous avec ce que nous sommes en notre for intérieur. «Partout c’est la prohibition/ Parole écrit fornication/ Foutre interdit à 60 ans/ Ou scandale et ricanements/ Les malades sont prohibés/ On les jette dans les fossés/ A moins qu’ils n’apportent du blé/ De la tune aux plus fortunés.»

En moi ça craque, les articulations et quelquefois le moral quand je vois que je ne peux faire ce qui me plaît. Par exemple dans cette beauté de la lumière d’été partir en randonnée à vélo. Heureusement mes petits-enfants, aussi prévenants que compatissants, m’ont offert un vélo électrique. Alors je crâne au milieu des vignes. J’ai l’impression – peut-être factice – que le monde s’élargit au lieu de s’amenuiser. Je suis heureuse d’être comme tant de personnes de mon âge ou ayant dépassé mon âge, vieille et en bonne santé. Je ne sais de combien de temps sera le bonus.

J’ai hâte d’encore vieillir. Tant de choses à faire. Et, notamment continuer le combat de notre nouvelle association la Cnav, «Conseil national autoproclamé de la vieillesse», une bande de copines et de copains excédés par la manière dont on nous prend pour des moins que rien, nous qui, à l’aube de notre jeunesse, avons fait 68 contre une société qui donnait toutes les responsabilités aux vieux… Nous préparons des AG, des manifestations, des états généraux. La révolte des vieux ne fait que commencer. «J’ai d’autres projets vous voyez/ Je vais baiser, boire et fumer/ Je vais m’inventer d’autres cieux/ Toujours plus vastes et précieux.»
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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marie_May » 10 août 2022, 17:02

Elle n'a rien inventé, Laure Adler. ça fait longtemps que d'autres ont écrit sur le sujet.
Lisez "Avec le temps" de Suzanne Weber, aux éditions Los Solidarios - ou "Manifeste pour uen vieille ardente" de Roger Dadoun, chez Zulma.
De plus, elle se contredit plusieurs fois dans ce texte.
De toute façon, les vieux ont toujours gêné. Ça commence à changer, dit-elle.... Tu parles ! Une association n'y changera pas grand-chose.
Mais il y a toujours eu des vieux pour ne pas en tenir compte. Et vivre leur vieillesse sans complexe.
Elle l'a pas découvert, Laure Adler ?

Claude
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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 10 août 2022, 19:30

Me dire si vous voulez connaître les autres points de vue annoncés en début d’article.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 12 août 2022, 00:57

Voici le dernier des témoignages.
.

Bonjour vieillesse (4/4)

Erri De Luca: «En vieillissant, j’ai appris à faire alliance avec mon corps»


À la manière de Cicéron, le romancier Erri De Luca propose par l’exercice de la marche, de l’escalade et de la lecture, de refuser la décadence physique et mentale liée à la vieillesse tout en acceptant l’œuvre du temps sur son corps.

Erri De Luca, à Paris, en septembre 2020. (Edouard Caupeil /Libération)
par Erri De Luca, Ecrivain et traducteur
publié le 11 août 2022 à 16h06


:o :x
Bonjour vieillesse (4/4)

Nous vivons dans une société vieillissante. Ça veut dire quoi «être vieux»? Pourquoi un tel tabou autour d’un phénomène inévitable et universel? Pour que la vieillesse ne soit pas seulement abordée par le prisme du déclin, et de la tristesse, Libé donne carte blanche à Laure Adler, Boris Cyrulnik, Rose-Marie Lagrave et Erri De Luca pour qu’ils racontent ce que vieillir fait plus que ce qu’il défait.

:arrow:

Un an avant d’être assassiné, Cicéron écrit à 63 ans le De senectute (De la vieillesse). Un texte en forme de dialogues avec pour personnage principal le Censeur Caton qui vivait un siècle plus tôt. Il s’agit d’une réfutation de la décadence physique et mentale, mais en évitant de Naturae repugnare, de s’opposer à la nature. J’ai lu les dialogues à l’occasion de mon 70e anniversaire qui certifiait officiellement mon âge avancé et comportait une adaptation que je pressentais, sans pouvoir la préciser.

Ces lignes relatent ma découverte personnelle de la vieillesse. En l’espace d’un siècle, les Italiens ont doublé la durée de leur âge moyen. Amélioration de l’alimentation, soins médicaux, pratique d’activités sportives : malgré ma méfiance envers le mot «progrès», il est en l’occurrence évident. La vieillesse aujourd’hui se répand dans la population jusqu’à devenir majoritaire. Puisque le phénomène ne s’est manifesté que récemment à grande échelle, je considère la vieillesse moderne comme un âge expérimental. En effet, chacun est vieux pour la première fois. Aucun précédent ne peut aider.

Novice, avec un esprit d’improvisation

Je m’engage dans ce temps nouveau en novice, avec un esprit d’improvisation. Je suis avantagé par une bonne complicité avec mon corps. C’est une machine ancienne, sélectionnée par d’innombrables générations aux prises avec toutes sortes de privations. J’ai le sentiment d’être son hôte le plus récent. Je l’interroge, je l’écoute. Il me demande d’aller pieds nus, de mettre ma peau en contact avec les éléments de la nature pour favoriser l’échange entre l’intérieur et l’extérieur. Le bronzage n’a rien à y voir, ce sont le vent, la pluie, le sable, la terre qui comptent. Il demande d’être exposé à la nuit sans le filtre des vitres.

Il n’a pas été habitué à se nourrir plusieurs fois par jour ni tous les jours. Sa capacité de jeûne est ancienne et mystérieuse. Il n’est gavé que depuis peu. C’est la première fois que ce corps, prototype commun à l’espèce humaine, est soumis à l’expérience collective de prolonger la vie biologique. On sait que les animaux en captivité vivent plus longtemps que ceux à l’état sauvage. Il se passe quelque chose d’équivalent pour notre corps. Nourriture en quantité suffisante et d’accès facile, chauffage, protection contre les intempéries : des facilités qui reproduisent les conditions des animaux en captivité.

J’applique à l’âge que je traverse les catégories criminelles relatives à l’homicide : la vieillesse peut être involontaire, préterintentionnelle, volontaire. Elle est involontaire quand elle arrive à cause d’un accident, d’une maladie, qui réduit les capacités et accélère la déchéance. Elle entraîne rapidement une partielle ou totale dépendance aux autres. Elle requiert de grands efforts de l’esprit pour l’accepter. Elle doit bénéficier d’une aide sociale et encore plus de celle de la famille, quand celle-ci est un réseau et non un buisson d’orties.

Elle est préterintentionnelle quand on sous-évalue les signaux, qu’on tente de les camoufler par la chirurgie et la cosmétique, en s’embaumant vivants. On la subit comme un outrage à sa propre image, on agit selon la définition de Cicéron de Naturae repugnare.

Elle est volontaire quand on l’accueille comme une nouveauté à approfondir en facilitant ses modifications. Je déclare ma vieillesse «volontaire» selon ce principe. J’ai par exemple une peau sèche qui a creusé très vite les rides de mon visage, et je ne les ai pas adoucies par des crèmes ou des pommades. Mon aspect est rapidement passé de : «Vous me rappelez mon père» au définitif : «Vous me rappelez mon grand-père.» Généralement, il s’agit de défunts. J’ai laissé mes cheveux et mes dents se clairsemer. Je ne me soustrais pas au compte des années, j’essaie d’avancer à leur rythme.

Garder la durée de la vie en bon état

Je pratique tous les jours davantage la marche et d’autres exercices utiles à la poursuite de mon activité préférée, l’escalade. C’est elle qui décide également de mon alimentation, avec le contrôle de mon poids pour ne pas entraver les mouvements de la montée à quatre pattes. Bizarrement, la vieillesse a un plus grand besoin d’activité physique. C’est ce qui est nécessaire à son entretien. Je ne le savais pas avant. On ne me l’a pas appris. Je l’ai constaté en l’expérimentant. Son objectif et le mien ne sont pas de prolonger à outrance la durée de la vie, mais de la garder en bon état au jour le jour, tant qu’il y en a.

Pendant les deux années d’isolement à cause de l’épidémie, j’ai pu rester dans le champ autour de chez moi. Je me suis donné pour règle d’en faire le tour deux heures par jour. J’en ai peu à peu constaté les bénéfices et j’ai compris ainsi que grâce à cette longue quarantaine je découvrais une méthode valable pour le temps qui suivrait. Aujourd’hui, si je suis obligé de sauter cet exercice, j’en ressens le manque. L’augmentation de l’activité physique est bénéfique aussi à mon sommeil, qui est profond et rapide dès que je pose mon crâne sur l’oreiller.

J’ai eu trois infarctus en rafale il y a plusieurs années. Je les ai pris pour une trahison de mon corps. Par une habitude indépendante des prescriptions des cardiologues, je suivais et je suis ces recommandations : pas de tabac, une activité physique régulière, une alimentation contrôlée. J’étais en colère contre mon corps pour ce guet-apens intérieur. Il n’était pas coupable. Les infarctus étaient inscrits dans mon arbre généalogique, j’en avais hérité. J’ai transgressé les recommandations suivantes par rébellion. A peine remis sur pied, je me suis lancé dans les escalades et l’alpinisme. J’ai bien fait. J’ai découvert un nouveau rapport avec mon corps, une sorte d’alliance. Depuis lors, je suis son élève.

Saisir au vol une marguerite pour la sentir

L’exercice physique va de pair avec l’entraînement cérébral. La lecture d’un livre, les mots croisés, le jeu, dans mon cas avec les cartes en faisant deux réussites apprises de ma grand-mère, la répétition par cœur d’un répertoire de poèmes : tout concourt à la discipline quotidienne qui améliore l’efficacité.

Le recours fréquent à la réclusion de personnes âgées dans des hospices, appelés poliment aujourd’hui «résidences» et «maisons de retraite», alerte un homme de mon âge sur l’urgence d’éviter de tels internements. On est parmi les premiers à être mis de côté, isolés : il faut agir à temps et avec habileté. Inexorablement vieux, oui, mais ingambes, indépendants et en cavale. Dans notre jeunesse, nous avons fait l’expérience des communautés. On peut essayer à nouveau si la solitude déprime.

Dans un des premiers films de Chaplin, A Night out, on peut voir la scène bien connue de l’ivrogne entraîné par un énergumène. Alors qu’il titube, qu’il avance péniblement, qu’il trébuche, lui, le génie du cinéma, saisit au vol une marguerite pour la sentir. C’est la touche de grâce qui sauve de la dégradation, introduisant une émotion et une complicité. Si la vieillesse est une ivresse emportée par une force supérieure, alors elle doit comporter la rançon d’une marguerite cueillie au vol.

Traduit de l’italien par Danièle Valin


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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Chichinette 11 » 12 août 2022, 10:32

Tu n'en n'aurais pas des normaux, de ceux qui souffrent de maladie depuis des années et qui, sans se lamenter, ne vivent quasiment plus faute d'avoir un corps qui répond ?

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 13 août 2022, 09:01

Franchement, Chichi, je suis mal placé pour savoir quelle est la normalité.
En vous offrant ces témoignages de (jeunes) vieux, j’espérais vous/nous donner de la pêche (fruit de saison)…..

Ton corps répond assez mal, OK, mais ton esprit est toujours le premier à crier « Présent ! ».
Et quel esprit !

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Chichinette 11 » 13 août 2022, 09:42

Les "vieux" en pleine forme, de ceux qui aimaient et aiment encore le sport en montrant les autres du doigt parce qu'ils n'en n'ont jamais fait, ça m'énerve au plus haut point.
J'ai toujours eu une sainte horreur du sport et de bouger mon corps en général (à part la marche à pied - j'ai pas dit la course), et ce depuis l'école primaire. Je fais tout lentement, calmement, avec opiniâtreté et j'y arrive fort bien.

De même ceux qui voyagent beaucoup (même en France) et vous conseillent de vous ouvrir au monde. J'adore découvrir de nouveaux lieux, des modes de vie différents, des gens, mais Chichinet est archi-casanier et n'aime pas les gens. Depuis plus de 10 ans qu'il est en retraite, nous ne sommes plus jamais partis en vacances, même pas très loin. Pas idéal pour maintenir le neurone bien vivant. Pour l'instant, vu que je ne peux marcher qu'avec grandes difficultés ça n'a pas d'importance mais quand ça allait et quand ça ira mieux, de toutes façons on ne bougera pas de la maison.

Ces auteurs sont peut-être divorcés, veufs ou ont la chance inouïe d'avoir un compagnon ou une compagne sur la même longueur d'onde mais je crains que ce soit une minorité alors non, les autres ne peuvent pas affirmer qu'ils ont une vieillesse épanouie même si leur corps est en santé raisonnable. Ça n'empêche pas d'avoir le cerveau qui tourne à plein régime mais ça empêche d'aimer être vieux.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par plumee » 13 août 2022, 12:56

Moi, la vieille, ce sont les jugements de valeur et les injonctions qui me gonflent.
Qu'on me laisse être comme je suis et tout ira bien. :lol:

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marc » 14 août 2022, 09:55

Bof, les enfonceurs de porte ouvertes, depuis qu'on a mis le nez dehors en sortant du ventre de celle qui nous a porté, découvrent brutalement qu'au bout du voyage il y un grand saut dans l'inconnu....Dans ce parcours, on arrive pas indemnes et selon la bonne fortune, nous continuons à vivre avec les outils qui nous restent.

Ce que j'entends dans le "cri" de Laure Adler, c'est le refus. C'est proprement humain. Ressasser le passé et les souvenirs c'est toujours intéressant mais ça va un moment, vivre au temps présent nous permet d'exister. La vie est toujours la plus forte tant que nous sommes là. Et puis après, ma foi (que je n'ai pas !), vogue la galère !

Nous vivons dans une société (depuis combien de temps ?) qui veut ignorer ce cycle long (pour nous, évidemment), et a créé celui de l'instantanéité, du moment éphémère continuellement remplacé par un autre pour masquer quoi ?

Privilégier la jeunesse comme le moyen de remplacement, de continuité n'est pas (pour moi) une bonne réponse, même si c'est bien"naturel"....nous segmentons à tort entre les enfants -les petits-, les ados, la jeunesse qui prend la suite, les adultes et les vieux...La société ne vit pas comme ça, c'est un immense patchwork culturel, social, générationnel qui avance, progresse, régresse, au final, c'est un peuple. Notre présent est ce qui nous intègre, c'est notre participation au cycle....Pas de grands mots ni de grands maux...
Je ramène souvent le temps de notre vie du big bang supposé à l'univers en expansion...nous sommes quelque part, la-dedans...Mais là....

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Chichinette 11 » 14 août 2022, 10:31

Ressasser le passé et les souvenirs c'est toujours intéressant
Même pas, c'est le passé, on n'en parle plus, à quoi ça sert ? Les regrets sont toujours stériles.

En revanche, les "souvenirs-anecdotes" je suis pour. Si ce sont les miens je termine toujours avec un sourire niais sur les lèvres. Si ce sont ceux des autres, j'aime tellement apprendre n'importe quoi que ça m'intéresse toujours.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 14 août 2022, 10:54

Les regrets, j’en suis plein, et c’est un peu pour les oublier
que je suis devenu mon propre « forçat ». Raisonnablement,
je devrais « tourner la page ».
L’on me l’a suggérer : faut « tourner la page ».

Mais suis-je un être de raison ?
Trop de passions et trop de déraison.

Par contre l’issue finale ne me fait plus peur. Parfois même, je l’espère, je l’envisage,
je la revendiquerais presque.

L’ennui est que j’ai des « affections » tangibles, et aussi des chantiers inachevés !!!!
Ah ! Ce jardin qu’il faut entretenir voire développer.

Sur ces affections, sur les petits-enfants, comment s’en séparer !
.

:arrow:


Je crois que l’on apprécierait de disposer des 2 autres articles de la série même si ça ne procure pas de grand plaisir. Plus tard. Je suis en vacances pour le 15 août avec un fils et ses pitchounes venus de l’Île-de-France.

Marie_May
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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marie_May » 14 août 2022, 12:00

Je suis plus en accord avec vous qu'avec Laure Adler. La seule chose qu'elle évoque et qui résonne c'est le dédain que la société peut montrer vis-à-vis des vieux et qui me semble révoltant. Mais je l'avais lu ailleurs et mieux écrit (Avec le temps, Suzanne Weber, Ed. Libertaires, 2003). Roger Dadoun en a aussi parlé beaucoup mieux (Manifeste pour une vieillesse ardente (Zulma, 2005).

Chichinette 11
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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Chichinette 11 » 14 août 2022, 14:07

Sur ces affections, sur les petits-enfants (+ enfants), comment s’en séparer !
Pour ma part, je dirais comment apprendre à s'en passer.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par PatriciAndree » 15 août 2022, 07:13

La vieillesse, j'ai l'impression depuis quelques temps qu'elle se manifeste chez moi. Bon comme je dis toujours soit on vieillit soit on est mort.

Marc
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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marc » 15 août 2022, 08:24

C'est Claude qui a soulevé cette question qui je le sens bien depuis quelque temps le taraude.
Mais qui n'est pas sans résonner, diversement, en chacun de nous.

Il y a combien de temps que le Radeau existe ? nous avons construit, tant bien que mal, une histoire qui nous relie les uns entre les autres, plus ou moins selon les personnalités et les centres d'intérêts. Mais avec ce point commun, le temps, notre temps, qui passe et notre/nos histoires qui fuient derrière nous...nous entraînant vers, vers....le vertige de notre propre finitude...

Sensations de ne plus faire comme avant...et puis effectivement ne plus pouvoir faire comme avant...c'est plus ou moins le lot de tous....

Apprendre à me sentir bien dans le moment, dans ce que je fais, dans ce que je suis, c'est ma réponse, ne bâtir que des projets accessibles à ma situation et à mon âge, être actif dans la société comme je peux.

C'est ce que nous sommes capables de réaliser, que les autres générations ne peuvent pas construire. C'est le "privilège" de l"âge !!! Notre "rôle".

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par plumee » 15 août 2022, 08:33

Bon comme je dis toujours soit on vieillit soit on est mort.
:lol:

Ce que j'apprécie beaucoup dans le fait de vieillir, c'est d'être de plus en plus dégagée de tout souci
de conformité, de paraître.
J'étais déjà bien partie pour être "normée" comme ça, ( :lol: ) mais là, c'est encore pire!
C'est d'un reposant!
Du coup, je vois chez mes copines plus jeunes et qui ont toujours été plus normées que moi,
à quel point elles s'encombrent souvent la vie… contre leur gré. Les pôvres…
Ceci dit, je reste une personne très bien élevée et fréquentable, hé ho.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Claude » 15 août 2022, 12:54

Chichinette 11 a écrit :
14 août 2022, 14:07
Sur ces affections, sur les petits-enfants (+ enfants), comment s’en séparer !
Pour ma part, je dirais comment apprendre à s'en passer.
Désolé pour toi. ;) C’est mon lot à 50%.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marc » 16 août 2022, 11:45

Vieillir, c'est aussi faire des projets, visualiser, élaborer un avenir concret. Nos expériences respectives peuvent et même doivent servir de support à la réflexion sur ce comment vivre. Les générations qui succèdent ont naturellement besoin de ces expériences pour créer, répondre aux problèmes que pose le dérèglement climatique issu de nos habitudes de vie, enfin ce qu'il faudra nécessairement transformer. En forme d'inventaire, nous pouvons jouer ce rôle, prendre cette place. Ce qui s'imposera est un ensemble issu de la réflexion collective. Je réagis en fait à cet article de Reporterre qui évoque le rôle important du monde rural, resté en contact, malgré tout, avec des formes de vie plus proches de nos besoins fondamentaux....
.... https://reporterre.net/Sobriete-c-est-d ... uotidienne et nous avons souvent évoqué "nos" solutions à ces problèmes du quotidien. Nos expériences fabriquent nos conceptions....pour demain, lorsque nous n'y serons plus !!!

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marie_May » 27 août 2022, 10:00

" Et quand tu t'étendras en travers du vertigineux ruban ondulé, si tu n'as pas laissé derrière toi, un à un,
tes cheveux en boucles, ni tes dents une à une, ni tes membres un à un usés… si la poudre éternelle n'a pas, avant
ta dernière heure, sevré tes yeux de la lumière merveilleuse… si tu as, jusqu'au bout, gardé dans ta main, la main amie qui te guide,
couche-toi en souriant, dors heureuse, dors privilégiée".

Cité ailleurs par Plume.

Elle répond aussi à cette préoccupation qui est de vieillir, la chère Colette. Mais dans ce texte, on voit qu'elle s'occupait beaucoup de son apparence, tout de même. Ce que j'aime bien dans ce texte, c'est l'idée du privilège qui consiste à avoir gardé une main amie dans la sienne.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par plumee » 27 août 2022, 14:53

Mais dans ce texte, on voit qu'elle s'occupait beaucoup de son apparence, tout de même.
Oui, elle considérait qu'on ne devait pas se laisser aller, au niveau de l'apparence, devant la personne qui partageait sa vie.
De plus, elle n'aimait pas son large front et c'est pour cette raison qu'elle le planquait soigneusement derrière
une bouffée de cheveux frisés rabattus dessus.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marie_May » 08 sept. 2022, 14:21

Elle a aussi décrit souvent la déchéance inéluctable de la femme vieillissante d'une manière qu'on admet plus aujourd'hui. Je pense notamment à Chéri et La fin de Chéri. Ma fille par exemple aime beaucoup moins Colette que moi à cause précisément de ce diktat.

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par plumee » 08 sept. 2022, 20:41

Ma fille par exemple aime beaucoup moins Colette que moi à cause précisément de ce diktat.
Mézencore?
Je n 'ai pas lu Chéri

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marie_May » 12 sept. 2022, 19:17

Elle n'a pas de mots particulièrement tendres pour la vieillesse, la sienne et celle des autres, notamment dans La fin de Chéri. Pour elle une vieille femme c'est une femme décrépite et la vieillesse est une déchéance. En tout cas c'est comme ça qu'elle la décrit.

Bon mais c'est bien que tu ne l'ai pas lu, je ne vais rien te dévoiler de plus pour que tu puisses le déguster cet hiver au coin du feu...

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Re: Vieillir, grand mot ou grands maux ?

Message par Marc » 14 sept. 2022, 17:41

Vieillir, c'est aussi la possibilité de vivre correctement, de se soigner correctement comme nous le souhaitons tous... mais à l'hôpital de Strasbourg, faute de place, faute de personnel, faute de moyens, un homme de 81 ans, resté 22 h sur un brancard, est décédé....Alors ??? c'est moi, c'est vous, à qui le tour ? prenons-nous la mesure de la gravité d'une telle démolition de l'HP ?
https://linsoumission.fr/2022/09/14/str ... -brancard/

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