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Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 12 sept. 2022, 23:52
par Claude
Le sorgho en France ?
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Crash test

Dans une France à sec, le sorgho cherche sa place au soleil



Plus robuste que le maïs, le sorgho a aussi souffert cet été. Malgré des résultats encore fragiles et une filière en cours de structuration, certains agriculteurs comptent adopter cette céréale exotique durablement.


PHOTO : Un champ de sorgho près de Saint-Escobille (Essonne), le 11 août. (Sarah Meyssonnier/REUTERS)
par Margaux Lacroux


DDepuis peu dans les champs de Normandie, de Lorraine ou encore de Bretagne, de curieuses grappes rousses en forme de plumeau se dressent au sommet de longues tiges vertes. Il s’agit d’une plante exotique, le sorgho. Il y a quelques dizaines d’années, le cousin africain du maïs a commencé à être semé dans l’Hexagone. Cette céréale a d’abord été testée par des agriculteurs dans le sud du pays, puis avec le réchauffement progressif du climat, elle a gagné des départements plus au nord.

En 2020, environ 100 000 hectares, soit 5 % de la surface utilisée pour la production agricole, étaient couverts par du sorgho en France. Malgré une progression encore timide, il est présenté comme une culture d’avenir, alternative au maïs et plus adapté au changement climatique. Son atout : il consomme 40 % d’eau en moins et tolère mieux la chaleur. A l’avenir, sa rentabilité devrait égaler voire dépasser celle du maïs, qui grille de plus en plus sous l’effet du changement climatique.

Résultat moins enthousiasmant cette année

L’été 2022 fait office de «crash test» pour vérifier la résistance du sorgho. Après des mois de sécheresse et un été caniculaire, qui préfigurent une année classique en 2050, s’est-il vraiment démarqué face au maïs ? Agriculteur en Indre-et-Loire, Jérôme Lespagnol semble dubitatif. Depuis deux ans, il teste le sorgho grain, variété cultivée pour nourrir les animaux de compagnie, les volailles, les porcs mais aussi les humains. Le céréalier se remémore l’année dernière, exceptionnellement pluvieuse, et des rendements «extraordinaires, autant en maïs qu’en sorgho». En 2022, il s’attend à un résultat moins enthousiasmant lors de la récolte, en ce mois de septembre. Il constate que la céréale africaine, semée sur une parcelle non irriguée et qui a tendance à s’assécher, aurait eu besoin d’un coup d’arrosage pour obtenir des rendements corrects. «Le sorgho est moins gourmand en eau que le maïs, mais il a quand même besoin d’eau… Mais je n’ai pas eu de pluie. Si mon sorgho avait eu droit à un bon orage, il serait plus beau», regrette-t-il. «Pas convaincu que le sorgho soit plus résistant que le maïs» en période de sécheresse extrême, il hésite encore à poursuivre l’expérience l’an prochain.

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Chez de nombreux agriculteurs, le sorgho est encore au stade de test, pour diversifier les cultures plutôt que pour remplacer l’ensemble des surfaces plantées en maïs. «Souvent, le sorgho grain est souvent réservé aux moins bonnes parcelles de l’exploitation, par exemple les sableuses, là où on sait que le maïs ne va rien donner», précise Augustin Gravier, conseiller productions fourragères à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, deuxième plus gros département cultivateur de sorgho en France derrière le Lot-et-Garonne en 2020. Il jauge que cette année dans sa zone, le rendement du sorgho grain non irrigué va se rapprocher de ceux du maïs, malgré des terres plus défavorables.

«Le sorgho coûte moins cher à faire pousser»

Dans le même département de la région Centre-Val de Loire, l’éleveur bio Adrien Héraud a semé du sorgho fourrager, variété riche en protéines et destinée à l’alimentation des ruminants. Il le fait pâturer par ses vaches directement sur la parcelle. «Comme d’autres espèces fourragères, il peut être toxique s’il est trop jeune (moins de 45 ou 55cm de hauteur selon variétés), il faut respecter certaines règles, avertit Augustin Gravier. Mais d’un point de vue diététique et nutritionnel, le sorgho est très intéressant pour les animaux et dans certains cas, il peut remplacer le maïs dans les rations.» Adrien Héraud utilise une variété dite «multicoupe», qui a repoussé quatre fois dans l’été après avoir été mangée par ses bêtes, une prouesse impossible avec du maïs fourrager, récolté une seule fois. Il loue une plante «plus économique», qui «arrive à attendre l’eau» et dotée d’un «très bon système racinaire» qui aère les sols et prépare bien le terrain pour les cultures à suivre.

Cependant, il admet qu’il a dû irriguer pour «faire lever» la céréale au début de la pousse en mai car le printemps a été très sec. Il a aussi passé un coup d’eau pour chaque repousse. «C’était ça ou je tapais dans mes stocks d’hiver pour donner à manger à mes vaches. Et si j’avais mis du maïs à la place du sorgho fourrager dans cette parcelle sableuse, il aurait fallu arroser encore plus», précise celui qui cultive davantage de sorgho que de maïs. Cette céréale, semée dans des parcelles argileuses beaucoup plus favorables, a elle aussi été irriguée davantage qu’une année normale. Pour le sorgho grain, qu’il a testé avec succès, il regrette l’absence de débouchés en bio dans la coopérative avec laquelle il travaille. «Je ne veux pas vendre mon sorgho bio au prix du conventionnel, donc moins cher, économiquement parlant ça n’est pas possible», regrette-t-il. Il a donc arrêté cette culture.

Chez Jérôme Regnault, céréalier dans les Yvelines, «maïs et sorgho sont mal en point» en cette fin août. Pour les deux, pas irrigués, il attend une baisse de rendement de 50 % cette année. «Mais à pertes égales, le sorgho coûte moins cher à faire pousser : il nécessite 30 à 40 % d’herbicides en moins, beaucoup moins d’engrais et pas de matériel particulier. Et c’est une solution pour la France, qui éviterait l’importation absurde de soja OGM venant d’Amérique du Sud pour nourrir les volailles», rappelle celui qui est aussi administrateur de la coopérative normande NatUp – laquelle tente de lancer une filière de sorgho. Sur une petite portion de ses terres, où le maïs a toujours été présent, il cultive depuis quelques années du sorgho à grains blancs. Vendu au prix fort pour l’alimentation des oiseaux il lui rapporte pourtant entre 20 et 25 euros de moins que le maïs, qu’on lui achète environ 285 euros la tonne. «Avec le réchauffement climatique, je pense que le sorgho a sa place chez nous. Mais nous venons de connaître deux années extrêmes opposées : l’une trop sèche, l’autre trop humide. J’ai peur que cela décourage des collègues de le cultiver l’an prochain», soupire-t-il.


Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 15 sept. 2022, 17:34
par Marc
Mon voisin agriculteur s'est lancé lui aussi dans le sorgho, celui à grains blancs. coup de chance, il a eu quelques pluies en mai juste après avoir semé, ce qui a permis une levée assez rapide. Mais voilà, la sécheresse est venue et a freiné la pousse, mais, assez haut, il a résisté aux coups de chaleurs successifs et même a grandi. La raison ? la terre : Argileuse et calcaire. Le système racinaire est parti profondément dans le sol. La récolte n'est pas faite mais il se tient bien, comme le maïs. Au contraire le maïs, semé dans la même période est complètement grillé, les poupées sont très petites.

Pour le sorgho, c'est une plante qui poussant dans des pays comme le Soudan ou l’Éthiopie résiste étonnamment à la sécheresse. Le sorgho cultivé en France est une variété différente, sans doute faudra t-il s'adapter, il ne peut pas pousser semble t-il dans des sols sableux, même avec un peu d'argile, il lui faut pouvoir trouver la fraîcheur en profondeur. Une autre céréale a cultiver, c'est le grand épeautre qui s'adapte bien aux conditions de la sécheresse...

Le grand problème et cela est souligné dans l'article, le dérèglement climatique n'est pas forcément synonyme de sécheresse. Il peut même se faire que les canicules successives peuvent déboucher sur des très grands froids cet hiver.

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 15 sept. 2022, 21:52
par Claude
À l’occasion, si tu pouvais nous faire des photos de ce sorgho. Pour notre connaissance. ;)

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 16 sept. 2022, 09:04
par Marc
Oui, je vais faire quelques photos...

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 20 sept. 2022, 17:38
par Chichinette 11
Une alternative encourageante pour le fourrage en temps de sécheresse.

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 20 sept. 2022, 18:27
par Marc
oui, c’est une piste à suivre. J'ai vu de tels semis qui sont aujourd'hui levés, outre le colza, il y a du fourrage classique mais aussi du radis fourrager qui pousse très vite avec du feuillage, très nourrissant pour le bétail;

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 25 sept. 2022, 10:17
par Chichinette 11
Encore une culture qui renaît, le ]chanvre.

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 25 sept. 2022, 16:21
par Claude
En effet, beaucoup d’usages. Merci Chichi.

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 26 sept. 2022, 08:54
par Marc
On retrouve des cultures qui permettent de diversifier les productions. Je pense à la moutarde comme condiment qui devrait retrouver nos champs..... Je pense aussi au fenugrec, comme épice, avec des propriétés très intéressantes pour la santé notamment contre le diabète, avec des vitamines intéressantes A,C entre autre..... Je vois de plus en plus des champs de sarrasin, d'épeautre, de seigle qui reviennent aussi.

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 23 nov. 2022, 09:23
par Chichinette 11
Sur le site de France3 Occitanie, le => colza . pour faire du carburant.

Au choix, ou on remplit à nouveau les rayons après la pénurie avec de l'huile de colza, ou on fait rouler des bus ...

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 23 nov. 2022, 10:12
par Marc
Tant qu'à faire, on va finir par faire la sauce salade avec de la 15w40 !

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 23 nov. 2022, 12:29
par xyla56
:lol: :lol: :lol:

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 14 déc. 2022, 09:54
par Marie_May
:lol: :lol: :lol:

Re: Cultures adaptées au dérèglements climatiques ?

Posté : 15 déc. 2022, 10:03
par Chichinette 11
Petite suite de cette histoire de colza pour les poids lourds.

Au final, il faut être vertueux pour s'en servir puisque ça ne coûte pas moins cher.